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La petite compagnie aérienne sénégalaise Transair, frappée comme l'ensemble du secteur par la pandémie de coronavirus, "ne sait pas où elle va". En attendant des jours meilleurs, elle fait voler ses avions à vide au-dessus du Sénégal.  

"Altim&egrave;tre: check!Compas: check!V&eacute;rifications avant d&eacute;collage: termin&eacute;es".Concentr&eacute; sur les &eacute;crans du cockpit, le commandant de bord Laurent Klinka proc&egrave;de aux derniers ajustements avant le d&eacute;collage de l'a&eacute;roport international Blaise Diagne, &agrave; l'est de Dakar.&nbsp;
Une sc&egrave;ne banale pour ce pilote fran&ccedil;ais chevronn&eacute;, si ce n'&eacute;tait le silence dans les rang&eacute;es vides de cet Embraer ERJ-145 d'une cinquantaine de places.
Pour conserver leurs licences, les pilotes doivent effectuer au moins trois d&eacute;collages et trois atterrissages tous les trois mois.&nbsp;Et les avions doivent voler pour rester en bon &eacute;tat.
"C'est une joie de retrouver les avions, m&ecirc;me pour une heure.Mais tout le monde a peur de ce qui pourrait advenir avec cette crise", explique le pilote.
Aux commandes du bimoteur de 22 ans, il effectue une rotation d'une trentaine de minutes en longeant les c&ocirc;tes s&eacute;n&eacute;galaises, jusqu'&agrave; Saint-Louis (nord).
Pour entretenir sa flotte de six appareils, Transair organise un vol &agrave; vide par semaine, qui lui co&ucirc;te 1.000 euros par heure rien qu'en carburant.

- Bouclage a&eacute;rien -

Tous les vols en provenance ou &agrave; destination du S&eacute;n&eacute;gal sont suspendus depuis le 20 mars, &agrave; l'exception d'une poign&eacute;e d'&eacute;vacuations sanitaires, d'un certain nombre de vols de rapatriement de touristes et des vols de maintenance.
Les compagnies a&eacute;riennes, dont Air France, tr&egrave;s pr&eacute;sente au S&eacute;n&eacute;gal, et les autres secteurs &eacute;conomiques du pays, attendent avec impatience l'autorisation de reprise des vols, en croisant les doigts pour qu'elle intervienne avant la saison estivale en Europe.
Mais le gouvernement a annonc&eacute; jeudi prolonger jusqu'au 30 juin la suspension de tous les vols au d&eacute;part ou &agrave; destination du S&eacute;n&eacute;gal.
Au niveau mondial, l'Association internationale du transport a&eacute;rien (Iata) a chiffr&eacute; &agrave; 314 milliards de dollars (286 milliards d'euros) l'impact de la pand&eacute;mie sur le chiffre d'affaires des compagnies a&eacute;riennes en 2020, soit une chute de 55% par rapport &agrave; 2019.&nbsp;
Et le transport a&eacute;rien ne devrait pas retrouver son niveau de trafic d'avant-pand&eacute;mie avant 2023, selon l'association.
Le S&eacute;n&eacute;gal, o&ugrave; le tourisme est un des moteurs de l'&eacute;conomie, compte trois compagnies nationales.&nbsp;
La plus petite, Arc-en-ciel Aviation, est sp&eacute;cialis&eacute;e dans les vols &agrave; la demande.Air S&eacute;n&eacute;gal, compagnie publique fond&eacute;e en 2016, a su se faire une place dans les liaisons avec la sous-r&eacute;gion et l'Europe.
Entre les deux, Transair, lanc&eacute;e il y a 10 ans, reste active dans les vols &agrave; la demande, son m&eacute;tier initial, tout en op&eacute;rant en temps normal une soixantaine de vols commerciaux par semaine, dont 40 &agrave; l'int&eacute;rieur du S&eacute;n&eacute;gal.&nbsp;

- Elan bris&eacute; -

"Avant, nous &eacute;tions en expansion, on pr&eacute;voyait m&ecirc;me des vols intercontinentaux dans quelques ann&eacute;es.Maintenant, tout est &agrave; l'arr&ecirc;t.Quand on fait 3 ou 4 vols par jour et qu'il n'y a plus rien, on ne sait pas o&ugrave; on va", explique &agrave; l'AFP le patron de Transair, Alioune Fall.
Pour r&eacute;duire l'impact de la crise, le gouvernement s&eacute;n&eacute;galais a d&eacute;bloqu&eacute; 77 milliards de francs CFA (115 million d'euros) en faveur du tourisme et des transports a&eacute;riens, dont 45 milliards de CFA (67,5 millions d'euros) pour Air S&eacute;n&eacute;gal.
Compagnie priv&eacute;e, Transair devrait b&eacute;n&eacute;ficier d'un petit coup de pouce, dont des pr&ecirc;ts &agrave; taux pr&eacute;f&eacute;rentiels et un report du paiement de la TVA.
Alioune Fall n'a proc&eacute;d&eacute; &agrave; aucun licenciement mais il se demande s'il pourra verser les salaires de ses 104 employ&eacute;s et &eacute;voque un "risque de faillite".
S'il juge "l'ann&eacute;e 2020 vou&eacute;e &agrave; l'&eacute;chec", le chef d'entreprise "garde espoir malgr&eacute; tout".
"C'est pour cela qu'il faut que les avions continuent &agrave; voler", souligne-t-il, tout en sachant que "l'activit&eacute; va reprendre avec un service minimum au d&eacute;but".
Les lendemains de la pand&eacute;mie s'annoncent "sanglants", pr&eacute;vient Ibra Wane, un expert s&eacute;n&eacute;galais du secteur a&eacute;rien.&nbsp;
"Les entreprises vont rogner sur les budgets de d&eacute;placement et le tourisme va se contracter de mani&egrave;re terrible.Si les compagnies ne r&eacute;duisent pas la voilure et ne taillent pas dans les co&ucirc;ts, elles risquent de dispara&icirc;tre", juge-t-il.&nbsp;
Le S&eacute;n&eacute;gal, comme les autres pays du continent, reste relativement &eacute;pargn&eacute; par la pand&eacute;mie.Il a d&eacute;clar&eacute; plus de 3.300 cas, dont 41 d&eacute;c&egrave;s, depuis le 2 mars.

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