Forum Investir en Afrique 2024

Nigeria: le président Buhari défend son bilan très contesté à la veille de son départ

Le président sortant Muhammadu Buhari a défendu dimanche son bilan, pourtant très contesté, à la tête du pays le plus peuplé d'Afrique, affirmant laisser le Nigeria dans un "meilleur" état que lors de son arrivée au pouvoir en 2015, dans un discours télévisé diffusé la veille de son départ.

AFRICA RADIO

28 mai 2023 à 14h51 par AFP

Il laissera lundi le fauteuil présidentiel au nouveau chef de l'Etat Bola Ahmed Tinubu, du parti au pouvoir, dont l'élection en février dernier est contestée devant la justice par l'opposition qui dénonce des fraudes massives. "Je suis persuadé que je quitte mes fonctions avec un Nigeria meilleur en 2023 qu'en 2015", a déclaré M. Buhari, 80 ans, se félicitant de laisser le pays avec "une démocratie renforcée", "une économie plus résiliente" et des "résultats considérables" en matière de lutte contre l'insécurité. Ancien général putschiste de l'armée, M. Buhari avait été élu en 2015, puis en 2019 avec la promesse de mettre fin à la corruption et à l'insécurité au Nigeria. Sa première élection avait suscité un grand enthousiasme. Mais selon de nombreux observateurs et analystes, M. Buhari quitte le pouvoir sur un bilan jugé très décevant, voire catastrophique. La première économie du continent africain s'enfonce dans une grave crise économique (entre inflation à deux chiffres, explosion de la dette, de la pauvreté et du chômage), et sécuritaire, alors que les violences rampantes de groupes criminels et jihadistes, responsables de tueries et enlèvements de masse, s'étendent. Les organisations de défense des droits humains comme Human Rights Warch, dénoncent aussi un recul significatif en matière de droits humains (abus de forces de sécurité, répressions sanglantes de manifestations, suspension de Twitter durant 6 mois etc.) Sur les réseaux sociaux nigérians, le discours de M. Buhari faisait largement réagir dimanche, les internautes dénonçant notamment "un discours contraire à la réalité" vécue par les Nigérians, citant par exemple l'explosion des kidnappings contre rançons, ou encore l'augmentation considérable du prix du riz. La presse nigériane passait au crible dans de nombreux articles dimanche "l'échec" de Buhari à la tête du pouvoir.