Nord du Burkina: des hommes armés dynamitent un pont sur un important axe routier
Des individus armés ont dynamité dans la nuit mercredi à jeudi un pont à Naré, localité située entre Kaya et Dori sur l'un des principaux axes routiers reliant Ouagadougou au nord du pays, accentuant un blocus déjà en cours sur d'autres tronçons.
30 juin 2022 à 19h06 par AFP
"Le pont de Naré a effectivement subi d'importants dommages après avoir été dynamité par des hommes armés non identifiés", a déclaré une source sécuritaire. "Depuis ce matin il y a un long convoi de camions de part et d'autre de l'infrastructure qui a été saboté mais tout est mis en oeuvre pour le passage", a expliqué cette source, précisant que des "dispositions sécuritaires ont été prises pour sécuriser la zone où il y a naturellement une concentration de personnes et de leurs biens". Selon un habitant de Kaya, joint par l'AFP depuis Ouagadougou, "des camions qui avaient quitté la ville pour Dori ont dû rebrousser chemin tandis que des voyageurs ont du rejoindre à pied d'autres véhicules de l'autre côté du pont pour ralier Dori". La route nationale numéro 3 est le principal axe reliant Ouagadougou à Dori, chef lieu de la région du Sahel. La nationale numéro 2 qui relie Ouahigouya à Dori via Djibo est sous blocus jihadiste depuis plusieurs mois, tout comme l'axe Kongoussi-Djibo. Plusieurs autres communes du nord et de l'est comme Titao ou Madjoari sont placées sous blocus par des jihadistes. L'armée parvient parfois à y faire parvenir des convois de ravitaillement. "Il s'agit d'un plan savamment orchestré par les groupes terroristes pour mettre sous blocus, isoler les populations et faire échouer les tentatives de ravitaillement de ces localités d'une part et d'autre part, rendre difficile l'évacuation de ces zones pour d'éventuelles opérations militaires", a expliqué à l'AFP, Drissa Traoré, analyste politique. Le Burkina Faso est pris depuis 2015 dans une spirale de violences, attribuées à des mouvements armés jihadistes affiliés à Al-Qaïda et au groupe Etat islamique, qui ont fait des milliers de morts et 1,9 million de déplacés. Plus de 40% du territoire sont hors du contrôle de l'Etat, selon des chiffres officiels. Fin janvier, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba a renversé le président Roch Marc Christian Kaboré, accusé d'avoir été incapable d'enrayer la violence jihadiste, et fait du rétablissement de la sécurité sa "priorité".