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Mode : "On n'a pas donné la chance à l'Afrique d'avoir de grands noms" - Alphadi

La 13ème édition du Festival International de la Mode Africaine (FIMA) va se tenir du 1er au 5 décembre prochain au Niger. A cette occasion, le créateur nigérien Alphadi, de son vrai nom Seidnaly Sidhamed surnommé le « Magicien du Désert » a répondu aux questions de Lilianne Nyatcha.

Alphadi

2 novembre 2021 à 12h40 par Lilanne Nyatcha / Africa Radio Paris

Quels sont les grands noms de la mode qui participeront à ce festival ?

C'est surtout donner une dimension à l'Afrique. On n'a pas donné la chance au continent d'avoir de grands noms. On a Pathé’o, Chris Seydou qui est décédé, Gilles Touré, Imane Ayissi, par eux et d’autres encore, l’Afrique a des images. Je ne veux pas qu'on ne parle que de noms européens.

Moi par exemple, quand j’ai eu le bac, après j'ai travaillé, j'ai étudié aussi afin d’obtenir un doctorat et c’est en fin de compte en 83 que j'ai lancé la marque Alphadi. A l’instar de Pathé’O qui vient de fêter ses 50 ans dans la mode, moi je suis à 40 ans si on se réfère à la notoriété, à l'image et à mon tout 1er Oscar en 1983. Il y aura aussi des grands noms américains, européens et asiatiques.

Quels seront les temps forts du festival ?

La première nuit est dédiée aux créateurs nigériens qui ne sont malheureusement pas connus alors qu’ils abattent un travail incroyable dans nos régions avec leurs talents. L’objectif, c’est de montrer à l’Afrique et au reste du monde que notre pays aussi a des atouts au niveau de la création, de la bijouterie de la maroquinerie et aussi du textile.

La deuxième nuit est consacrée à des concours. Cette année, nous avons plus de 320 jeunes stylistes du continent africain. A ce niveau, il faut savoir que sur au moins 340 candidatures, nous n’avons choisi que les dix meilleurs qui vont venir présenter leurs collections. Mais, seulement les trois premiers meilleurs talents africains seront retenus.

Que gagnent ces trois meilleurs ?

Des bourses et de l’argent pour s’installer, c’est globalement ce qui est prévu.

Quelles sont les perspectives de ce concours ?

Les installer ! Tous les jeunes talents qui ont gagné ce concours ont toujours été installés financièrement. On les envoie aussi rencontrer notamment les grands créateurs français et africains, afin qu’ils puissent s’inspirer et asseoir leur propre notoriété. L’autre perspective très importante, c’est de permettre aux africains de créer de l’emploi dans le domaine de la mode, malheureusement très peu connu comme secteur créateur de valeur.

Pour terminer avec le programme, le troisième jour, nous avons aussi un concours pour déceler les meilleures maroquineries, bagageries, tanneries, et bijouteries afin de réhausser l'image de la culture africaine.

On aura aussi ‘’le défilé panafricain’’ qui verra 42 pays africains présenter leurs collections.

Quelle est la particularité du Niger parmi tous les pays qui sont invités à participer ?

Mon pays est premier dans la bijouterie, c’est pourquoi vous y trouverez les meilleures bijouteries du monde. D’ailleurs, tous les grands créateurs français viennent s’inspirer au Niger.

Le thème de cette 13ème édition est ‘’la mode, dynamique de paix vers l'intégration touristique et culturelle de l'Afrique’’. Pourquoi ce thème ?

On a voulu démontrer qu’aujourd'hui après le covid-19, nos pays ont été oubliés. Donc en parlant de dynamique touristique et culturel, on veut simplement dire aux gens de venir visiter l'Afrique pour sa mode. Donc la mode devient un produit touristique par excellence. C’est pour quoi nous auront des colloques qui vont se faire avec les ministres du tourisme, de l'artisanat et de la culture pour valoriser notre savoir-faire africain.

Justement, peut-on envisager des collaborations possibles entre créateurs africains ? Par exemple, est-il possible qu’on ait une collection Alphadi-Pathé’o ?

Avez-vous déjà vu Yves saint Laurent s’associer à Paco Rabanne sur une collection ? Christian Lacroix avec Jean Chabert ? Mais non ! Pourquoi au tour des créateurs africains, ça devrait changer ? L’Afrique est un continent où chaque créateur doit travailler aussi avec son nom. On peut collaborer ensemble, mais chacun a son nom, et il le garde.