Pour Washington, Maduro fait passer le cas Saab avant les intérêts des Vénézuéliens

Par sa suspension du dialogue avec l'opposition, le président vénézuélien Nicolas Maduro fait passer le cas de l'homme d'affaires Alex Saab avant les intérêts de millions de Vénézuéliens, a estimé lundi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price.

AFRICA RADIO

18 octobre 2021 à 21h51 par AFP

"Les accusations criminelles à l'encontre d'Alex Saab précèdent largement et n'ont aucun rapport avec les négociations" entre le régime et l'opposition, a déclaré M. Price à la presse. "En suspendant sa participation à ces négociations, le régime Maduro (...) a montré clairement qu'il avait une fois de plus fait passer ses intérêts avant ceux du peuple vénézuélien". Considéré comme un important intermédiaire du pouvoir vénézuélien, Alex Saab a été extradé samedi vers les Etats-Unis par le Cap-Vert, et a comparu pour la première fois lundi en Floride devant un juge américain qui l'a formellement inculpé de plusieurs chefs d'accusation dont un de blanchiment d'argent. L'homme d'affaires colombien de 49 ans est accusé aux Etats-Unis d'être à la tête d'un vaste réseau ayant permis au dirigeant socialiste et à son régime de détourner à leur profit de l'aide alimentaire à destination du Venezuela. Il est soupçonné d'avoir transféré avec son partenaire Alvaro Pulido quelque 350 millions de dollars du Venezuela vers des comptes qu'ils contrôlaient aux Etats-Unis et dans d'autres pays. La prochaine audience se tiendra le 1er novembre. Les deux accusés risquent jusqu'à 20 ans de prison. - "Enlèvement" - Alex Saab a déjà affirmé dimanche, dans une lettre lue par son épouse lors d'un rassemblement public à Caracas, qu'il ne "collaborera(it) pas avec les Etats-Unis" mais "affrontera(it) son procès avec dignité". "Je n'ai commis aucun crime", disait-il dans le courrier. Nicolas Maduro a qualifié l'extradition d'"enlèvement" et a suspendu la participation des autorités vénézuéliennes aux pourparlers avec l'opposition, qui devaient reprendre dimanche à Mexico. Sans qu'il y ait de lien officiel, six anciens cadres de Citgo, filiale aux Etats-Unis de la compagnie pétrolière d'Etat vénézuélienne PDVSA, ont été remis en prison dimanche au Venezuela, a appris l'AFP auprès d'un de leurs avocats. Condamnés à des peines de 8 à 13 ans pour corruption en novembre 2020, ils avaient bénéficié d'une assignation à résidence en avril, ce qui avait été alors perçu comme un geste de bonne volonté du président Maduro en direction de Washington. Devant la presse, le porte-parole de la diplomatie américaine a exclu tout échange de M. Saab avec les dirigeants de Citgo, et a appelé le régime à les libérer "immédiatement et sans conditions".