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Présidentielle en Somalie: le chef de l'Etat parmi les quatre qualifiés au second tour

Le chef de l'Etat somalien sortant figure parmi les quatre candidats qualifiés pour le second tour de la présidentielle lors de ce scrutin organisé dimanche sous haute sécurité à Mogadiscio, capitale d'un pays en proie à l'insurrection des islamistes radicaux shebab.

AFRICA RADIO

15 mai 2022 à 20h36 par AFP

Mogadiscio (AFP)

Le vote, qui se poursuivait dans la soirée, a eu lieu après plus d'un an de retard dans ce pays instable de la Corne de l'Afrique secoué par une longue crise politique, qui souffre aussi d'une sécheresse historique menaçant de provoquer une famine.

Les députés et sénateurs ont voté dimanche pour désigner le prochain président du pays parmi 36 candidats, sous une tente dressée dans le périmètre de l'aéroport de Mogadiscio, placée sous couvre-feu, où les forces de sécurité sont omniprésentes.

Des explosions ont été entendues près de l'aéroport alors que le vote commençait, rappelant combien la situation sécuritaire reste précaire dans le pays.Selon la police, aucune victime n'a toutefois été signalée.

Le chef de l'Etat sortant, Mohamed Abdullahi Mohamed, dit Farmajo, fait partie des quatre favoris ayant passé le premier tour de scrutin, avec l'ancien président Hassan Cheikh Mohamoud (2012-2017), l'ex-premier ministre Hassan Ali Khaire (mars 2017-juin 2020) et le président de la région du Puntland, Said Abdullahi Dani. 

Ces "quatre candidats qui ont obtenu le plus grand nombre de voix participeront au second tour", a déclaré le président de la chambre basse, Sheikh Adan Mohamed Nur.

Pour être élu, un candidat doit rassembler au moins deux-tiers des voix des députés et sénateurs (184).

Si aucun ne réunit ce total au premier tour, un deuxième est organisé entre les quatre candidats arrivés en tête.Si aucun d'entre eux ne parvient à être élu, un nouveau tour de scrutin est organisé entre les deux candidats ayant réuni le plus de voix au deuxième tour.

Le vote pourrait donc durer plusieurs heures et se prolonger tard dans la nuit.

- Un an de crise politique -

Le mandat de Farmajo était arrivé à échéance en février 2021, sans accord avec les dirigeants régionaux sur l'organisation de nouvelles élections.

La prolongation de deux ans de son mandat par les députés en avril 2021 avait déclenché des combats à Mogadiscio, ravivant le souvenir des décennies de guerre civile qui ont ravagé le pays après 1991.Ces derniers mois ont aussi été marqués par une rivalité croissante entre Farmajo et son Premier ministre Mohamed Hussein Roble qu'il avait chargé d'organiser les élections.

"Nous en avons assez de vivre dans l'incertitude...J'espère qu'un président sera élu et qu'aujourd'hui marquera la fin de ce cirque", a commenté dimanche à l'AFP Muktar Ali, un habitant de Mogadiscio.

L'élection suit un complexe système indirect, dans lequel les assemblées des Etats ainsi que des délégués investis par une myriade de clans et de sous-clans choisissent les législateurs qui, à leur tour, désignent le président.

"En termes de résultats, la politique somalienne est notoirement difficile à prévoir", explique Omar Mahmood, analyste à l'International Crisis Group: "C'est essentiellement une affaire d'alliances et de relations plutôt que de programmes".

- Muliplication des attaques shebab -

Depuis un an et demi, la communauté internationale a multiplié les appels à boucler les élections, estimant que les retards détournaient les autorités de la lutte contre les islamistes radicaux shebab, affiliés à al-Qaïda, qui mènent une insurrection dans le pays depuis 15 ans.

Avant l'élection, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a ainsi estimé dans un Tweet qu'il était "temps pour le leadership de la Somalie de se concentrer sur la réconciliation et la construction de la paix".

Ces derniers mois, les shebab ont intensifié leurs attaques, menant notamment un sanglant double attentat dans le centre du pays le 24 mars (48 morts), puis une attaque d'envergure contre une base de la force de l'Union Africaine (dix morts selon un bilan officiel).

Cette élection sera également capitale pour l'avenir économique de la Somalie, dont 71% de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour (1,80 euro).

Le FMI a mis en garde qu'un programme d'aide pourrait s'arrêter automatiquement au 17 mai si une nouvelle administration n'était pas en place.Le gouvernement a demandé fin avril de repousser de trois mois cette échéance, sans réponse pour l'instant.

Le pays fait également face à l'une des pires sécheresses des dernières décennies.Les organisations humanitaires redoutent une famine similaire à celle de 2011, qui avait tué 260.000 personnes.