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Soudan: des manifestants apportent leur soutien aux familles de protestaires tués

Des dizaines de Soudanais ont manifesté vendredi devant les maisons des victimes de la répression d'opposants au coup d'Etat, scandant "le pouvoir au peuple" auprès des familles endeuillées.

AFRICA RADIO

21 janvier 2022 à 17h51 par AFP

Devant la maison de John Kual, tué récemment à Omdourman, banlieue nord-ouest de Khartoum, des dizaines de Soudanais ont répondu à l'appel de la société civile à la solidarité avec les familles des 73 manifestants tués depuis le coup d'Etat du 25 octobre du général Abdel Fattah al-Burhane. Après la prière musulmane de la mi-journée, la foule est partie de la mosquée vers la modeste maison de la famille de cet électricien venu du Soudan du Sud. Ce homme de 37 ans, qui participait à tous les défilés, a été tué par une balle dans la poitrine mercredi. Ce jour-là, ironie du sort, il était monté sur une barricade érigée pour dénoncer la violence des forces de sécurité contre les manifestants. D'autres cortèges ont visité des familles ailleurs dans la capitale, rapportent les militants. Depuis le 25 octobre, des manifestants conspuent régulièrement les militaires et leur mainmise sur la politique et l'économie du pays, contrôlé quasiment en continu par des généraux en 66 ans d'indépendance. Vendredi de nouveau, les protestataires à Omdourman criaient: "Burhane, retourne à tes casernes et rend les entreprises", en référence à l'homme fort du pays désormais seul aux commandes d'un des pays les plus pauvres au monde. Il faut "dégager ceux qui ont fait couler du sang" et "en finir avec un régime injuste et criminel", déclare à l'AFP Al-Tahami Khalifa, 60 ans, devant la maison de M. Kual, où des enfants jouent derrière de maigres plaques de tôle rouillée. Après cette "journée des martyrs", syndicats, partis politiques et comités de quartiers appellent à de nouvelles manifestations lundi. Face à une rue intransigeante et à une communauté internationale qui multiplie les appels au dialogue, en vain jusqu'à présent, le nouveau pouvoir a nommé un gouvernement "chargé des affaires courantes" composé de hauts fonctionnaires. Certains ont été nommés dans la foulée des purges post-putsch, mais d'autres étaient déjà vice-ministres sous le gouvernement civil renversé, comme Ayman Sayyid Salim, nommé cette semaine ministre de la Jeunesse et des Sports. Se disant "surpris" de cette nomination "anticonstitutionnelle", il a rendu publique sa lettre de démission adressée vendredi au gouvernement dans laquelle il dit rendre "hommage aux martyrs". Les autorités n'ont pas fait état de sa démission ni indiqué si elle avait été acceptée.