Soudan: la suspension des négociations ne doit pas "décourager" les médiations, selon l'UA

La suspension des discussions en Arabie Saoudite entre belligérants de la crise au Soudan ne doit pas "décourager" les efforts de médiation, a estimé mercredi l'Union africaine (UA), qui entend proposer prochainement un dialogue politique élargi à l'ensemble de la société soudanaise.

AFRICA RADIO

31 mai 2023 à 14h51 par AFP

L'armée soudanaise a suspendu mercredi les négociations menées sous l'égide des Etats-Unis et de l'Arabie saoudite sur une trêve censée permettre l'acheminement de l'aide humanitaire dans le pays menacé de famine, accusant les Forces de soutien rapide (FSR), de ne pas respecter leurs engagements. "Dans des négociations difficiles, c'est un phénomène très classique, qu'une partie suspende, menace de suspendre" sa participation, a déclaré à l'AFP Mohamed El Hacen Lebatt, chef de cabinet du président de la Commission de l'UA et porte-parole de l'UA sur la crise soudanaise. "Mais cela ne devrait absolument pas décourager les médiateurs (...), les Etats-Unis et l'Arabie saoudite, que nous soutenons très fortement, de poursuivre leurs efforts", a-t-il poursuivi, à l'issue de la troisième réunion du "mécanisme élargi" sur la crise au Soudan, réunissant notamment UA, ONU, Igad (organisation régionale d'Afrique de l'Est), Ligue arabe, Union européenne et les pays voisins du Soudan. Les participants ont décidé qu'un "plan concret" pour l'organisation d'un vaste dialogue politique "va être proposé dès que possible, peut-être dans deux ou trois jours", une fois adopté par les membres du "mécanisme", a annoncé M. Lebatt à la presse à l'issue de la réunion. Ce processus devra "inclure (...) tous les secteurs" de la société soudanaise et être le "rassemblement d'une nation, sans référence à de quelconques divergences idéologiques ou autres", a-t-il expliqué. Il devra "appartenir aux Soudanais eux-mêmes", la communauté internationale "n'a pas l'ambition de le diriger ou d'en prendre les commandes" mais lui apportera seulement son soutien, a-t-il ajouté. "Il devra être ciblé" car "il ne peut prétendre s'attaquer à tous les problèmes du Soudan", a-t-il poursuivi: "Il devra se focaliser sur l'adoption rapide d'arrangements constitutionnels, la mise en place de conditions pour un gouvernement civil et l'adoption d'un programme apportant des solutions à l'urgence" humanitaire au Soudan. "Enfin, il devra aboutir dès que possible à des élections démocratiques". "Nous savons qu'il y a beaucoup de difficultés qui nous attendent mais cela ne nous découragera pas de poursuivre avec ténacité et avec détermination", a souligné M. Lebatt. Les trêves régulières conclues entre l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane et les FSR du général Mohamed Hamdane Daglo, en guerre depuis le 15 avril, n'ont jamais été respectées. La dernière, débutée le 22 mai, a été prolongée lundi pour cinq jours. Mais mardi encore, des combats ont fait rage à Khartoum et dans la région occidentale du Darfour. La guerre au Soudan a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l'ONG ACLED.