Soudan: les pro-civils mettent en garde contre "un coup d'Etat rampant"

La coalition pro-civils au Soudan a réitéré samedi son soutien au Premier ministre Abdallah Hamdok, mettant en garde contre "un coup d'Etat rampant" lors d'une conférence de presse que des manifestants hostiles ont brièvement tenté d'empêcher.

AFRICA RADIO

23 octobre 2021 à 20h51 par AFP

"Nous renouvelons notre confiance au gouvernement et au chef du gouvernement", a martelé Yasser Arman, un des leaders des Forces de la liberté et du changement (FLC), fer de lance de la révolte qui a démis l'autocrate Omar el-Béchir en 2019. "La crise actuelle est une machination, un coup d'Etat rampant", a-t-il poursuivi alors que le Soudan, déjà englué dans le marasme politique et économique, est le théâtre depuis un mois du blocage de son principal port dans l'Est et que des centaines de manifestants réclament depuis une semaine un "gouvernement militaire" aux portes du palais présidentiel. Face à ces pro-armée, les partisans d'un transfert complet du pouvoir aux civils se sont mobilisés jeudi par dizaines de milliers, prenant la rue dans une démonstration de force qui, pour les experts, ne va malgré tout pas accélérer la difficile transition après 30 ans de dictature. Signe que les tensions ne sont pas retombées, une centaine de manifestants ont brûlé des pneus samedi devant l'agence officielle Suna qui accueillait la conférence de presse des FLC, forçant cette coalition à repousser sa prise de parole de deux heures. "Ce sont des partisans du régime Béchir", a accusé M. Arman, une accusation que les pro-civils renvoient également aux participants au sit-in pro-armée tenu non loin de Suna. Samedi également, M. Hamdok a affirmé ne pas avoir ordonné de remaniement de son cabinet, ni même de changement au sein des autorités de transition alors que depuis des jours les rumeurs de remplacement se multiplient. Khartoum est depuis plusieurs jours le théâtre d'un ballet diplomatique. Après la venue de la responsable de l'Afrique au sein de la diplomatie britannique, l'émissaire des Etats-Unis pour la Corne de l'Afrique, Jeffrey Feltman, a rencontré samedi les dirigeants soudanais. Devant M. Hamdok, le général Abdel Fattah al-Burhane --chef du Conseil de souveraineté qui gère la transition-- et son numéro 2 le commandant paramilitaire Mohamed Hamdan Daglo, M. Feltman a plaidé pour "une transition démocratique civile comme le réclame le peuple". Il les a également appelés à "redire leur attachement à travailler ensemble", précise l'ambassade américaine à Khartoum, alors que le plan de transition de 2019 prévoit une remise du pouvoir aux civils avant les premières élections libres depuis 30 ans, prévues fin 2023.