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Soudan: rare répit dans les combats à Khartoum en vertu d'une trêve

Un cessez-le-feu est entré en vigueur samedi matin au Soudan où des habitants de Khartoum profitent d'un rare répit pour se ravitailler ou fuir la capitale, en proie depuis bientôt deux mois à un conflit armé qui a conduit à une grave crise humanitaire.

AFRICA RADIO

10 juin 2023 à 13h06 par AFP

Khartoum (AFP)

Les camps des deux généraux en guerre ont accepté une trêve de 24 heures, à partir de 06H00, heure de Khartoum (04H00 GMT), avait annoncé vendredi le médiateur saoudien, qui accueille depuis des semaines des négociations entre les belligérants.

Plusieurs heures après son entrée en vigueur, des habitants de différents quartiers de la capitale soudanaise ont indiqué à l'AFP qu'ils n'avaient entendu ni bombardements ni affrontements.Et beaucoup en profitaient pour s'aventurer dans les rues, habituellement trop dangereuses en raison des combats.

Mohamad Radwan, qui vit dans un quartier sud, est allé faire des courses."La trêve est une chance pour nous pour aller acheter à manger après avoir dû rationner notre nourriture", dit-il à l'AFP.Alors que les précédentes trêves étaient généralement violées dès leur entrée en vigueur, il dit avoir voulu attendre "quatre heures" avant de sortir de chez lui, pour être certain qu'elle tenait.

Hajar Youssef, qui vit dans la ville jumelle d'Omdourman, dit être allée en quête d'une pharmacie."Ma mère souffre de diabète et a besoin d'insuline.Mais j'en n'ai trouvé aucune d'ouverte", raconte-t-elle.

D'autres cherchent à fuir la ville."Le nombre de gens voulant partir aujourd'hui à Madani, Gedaref, Sennar ou Kosti (des villes situées plus au sud, ndlr) a beaucoup augmenté, voir peut-être doublé", par rapport aux autres jours, indique Ali Issa, qui travaille dans une gare routière à Khartoum.

Il s'agit d'un énième cessez-le-feu dans cette guerre déclenchée le 15 avril entre l'armée, dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhane, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) du général Mohamed Hamdane Daglo.

Les parties se sont engagées à cesser les violences dans tout le pays pour permettre "l'arrivée de l'aide humanitaire", selon le ministère des Affaires étrangères saoudien.

Le commandement général des forces armées a toutefois déclaré qu'il se réservait le "droit de répondre à toute violation que les rebelles pourraient commettre".

- "Besoins immenses" -

"Nous réitérons notre plein engagement en faveur du cessez-le-feu", ont affirmé de leur côté les paramilitaires.

La guerre a déjà fait plus de 1.800 morts, selon l'organisation ACLED, spécialisée dans la collecte d'informations dans les zones de conflit, ainsi que deux millions de déplacés et réfugiés selon l'ONU. 

Dans les zones de combat, qui se déroulent principalement dans la capitale Khartoum et la vaste région du Darfour (ouest), les ONG ne cessent d'alerter sur la détérioration de la situation humanitaire.

"A Khartoum, nous estimons que seuls 20% des établissements de santé fonctionnent encore", a déploré vendredi le patron du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Alfonso Verdu Perez, lors d'une conférence de presse à Genève.

"Ces dernières semaines, nous avons réussi à livrer du matériel chirurgical à dix hôpitaux" de la capitale, "mais les besoins sont immenses et il reste encore beaucoup à faire", a-t-il ajouté.

"Si les parties ne respectent pas le cessez-le-feu de 24 heures, les médiateurs devront envisager d'ajourner les discussions de Jeddah", ont prévenu les médiateurs saoudiens et américains qui supervisent des négociations depuis des semaines en Arabie saoudite entre camps rivaux.

Ryad avait déclaré la semaine dernière chercher avec les Américains à "poursuivre les discussions" pour parvenir à un cessez-le-feu "effectif", après que les négociations ont été officiellement suspendues.

Sur le plan diplomatique, le gouvernement soudanais a déclaré cette semaine persona non grata l'émissaire de l'ONU au Soudan, l'Allemand Volker Perthes, l'accusant d'avoir pris partie dans le conflit.

Stéphane Dujarric, porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a jugé vendredi cette décision "contraire" aux principes des Nations unies et "pas applicable", notant que son statut était "inchangé".