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Tchad: le chef de la junte Mahamat Déby nomme un parlement de transition

Le chef de la junte militaire au Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a "désigné" vendredi 93 députés d'un parlement de transition qu'il avait promis il y a cinq mois en se proclamant président au lendemain de la mort de son père Idriss Déby, tué dans des combats contre des rebelles.

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24 septembre 2021 à 23h22 par AFP

N'Djamena (AFP)

Mais aucun des "députés de transition" n'est issu de la plate-forme de partis de l'opposition et de la société civile qui réclame un pouvoir civil. 

Le 20 avril, en annonçant la mort du maréchal Déby, qui venait d'être déclaré réélu après 30 années au pouvoir sans partage, le général Mahamat Déby, 37 ans, était proclamé chef de l'Etat à la tête d'un Conseil Militaire de Transition (CMT), composé de 14 autres généraux fidèles à son père.

Le CMT avait aussitôt révoqué le gouvernement, dissout l'Assemblé nationale et abrogé la Constitution.La junte promettait des élections "libres et transparentes" dans un délai de 18 mois, renouvelable une fois, et de désigner rapidement un parlement intérimaire en attendant les scrutins, le Conseil National de Transition (CNT).

Il a mis cinq mois à voir le jour.

 - 30% de jeunes, 30% de femmes -

"Les personnalités dont les noms suivent sont désignées membres du Conseil national de transition", lit-on dans un décret signé par Mahamat Déby.Suivent 93 noms, selon des quotas fixés d'avance: notamment au moins 30% de députés de l'Assemblée nationale sortante, 30% de femmes et 30% de jeunes. 

Des membres de l'ancienne opposition au défunt président Déby, dont certains avaient accepté le "dialogue inclusif" promis par la junte, en font partie mais aucun de la plate-forme Wakit Tamma, des partis et organisations de la société civile qui dénoncent un "coup d'Etat" le 20 avril.

"Les Conseillers de la transition" ou "députés de la transition" vont, au sein du CNT, "faire office d'Assemblée nationale (...) intérimaire le temps que les institutions légales de la République soient restaurées", précise un dossier distribué à la presse vendredi peu avant le décret.

Aucun pays n'a à ce jour dénoncé la prise du pouvoir par la junte et, immédiatement sa proclamation, Mahamat Déby, avait reçu le soutien remarqué de la France, l'ancienne puissance coloniale, de l'Union européenne, puis de l'Union africaine, à la condition que les élections soient organisées 18 mois plus tard. 

 - 30% de jeunes, 30% de femmes -

L'armée du Tchad est considérée comme le pilier, aux côtés des militaires français de l'opération Barkhane, d'une coalition combattant les jihadistes dans la bande du Sahel. 

Le général Déby n'a pas exclu, récemment, de prolonger la transition de 18 mois si "certaines conditions" n'étaient pas réunies.Mais sous la pression internationale, il avait nommé, le 11 mai, un gouvernement dirigé par un Premier ministre civil, Albert Pahimi Padacké.Or, l'essentiel du pouvoir exécutif demeure dans ses mains. 

Selon le communiqué de presse, les 93 membres "désignés" du CNT sont issus de "12 composantes", notamment les Partis représentés à l’Assemblée dissoute, des partis qui n'y figuraient pas, des membres des forces de Défense et de Sécurité, de la société civile, des autorités traditionnelles et d'organisations de jeunes et de femmes.

"Nous ne sommes pas dans le CNT.Aucun membre de Wakit Tamma.Nous sommes du côté du peuple", a assuré à l'AFP vendredi soir le coordinateur de cette plate-forme de l'opposition au CMT, Max Loalngar.

Le maréchal Déby a été tué le 19 avril lors d'une contre-offensive de son armée contre des rebelles venus de Libye, qui avaient lancé une attaque en direction de la capitale N'Djamena à l'occasion de la présidentielle du 11 avril.

Depuis, le jeune général Déby a tendu la main à tous les groupes rebelles qui acceptent de déposer les armes et de venir participer à un futur "dialogue inclusif", pour l'heure encore rejeté par une partie des mouvements armés.

L'histoire du Tchad indépendant est ponctuée d'épisodes de rébellions armées venues du nord, de la Libye ou du Soudan voisin.Idriss Déby était lui-même arrivé au pouvoir en 1990 à la tête de forces rebelles ayant foncé sur N'Djamena.