Tigré: les Etats-Unis condamnent la "réthorique dangereuse" d'un allié du Premier ministre éthiopien

Les Etats-Unis ont condamné lundi un récent discours prononcé par un allié politique de premier plan du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a comparé les rebelles de la région du Tigré en guerre au diable et estimé qu'ils devaient être "les derniers de leur espèce".

AFRICA RADIO

20 septembre 2021 à 19h36 par AFP

"Une telle réthorique haineuse est dangereuse et inacceptable", a déclaré à l'AFP un porte-parole du département d'Etat, en réaction au discours prononcé la semaine dernière par Daniel Kibret, souvent décrit comme un conseiller du Premier ministre éthiopien et qui a été nommé l'an dernier au conseil d'administration de l'agence de presse étatique Ethiopan Press Agency. La région du Tigré, dans le nord de l'Ethiopie, est ravagée par de violents combats depuis que Abiy Ahmed y a envoyé l'armée, en novembre 2020, pour destituer les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Ce conflit a fait des milliers de morts et placé des centaines de milliers d'habitants dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. Le conflit s'est propagé aux régions voisines Afar et Amhara. Les commentaires de M. Daniel ont suscité pour la première fois des critiques précises de Washington, même si d'autres voix, comme celle de la directrice de l'Agence américaine d'aide internationale (Usaid) Samantha Power, ont déjà dénoncé les discours de haine et la réthorique déshumanisante à l'oeuvre dans ce conflit. "Comme vous savez, après la chute de Satan, personne d'autre comme lui n'a été créé. Satan a été le dernier de son espèce. Et ils (le TPLF) doivent aussi être les derniers de leur espèce", a déclaré M. Daniel devant de hauts responsables dans la région Amhara. Les rebelles du TPLF "devraient être éradiqués et disparaître des archives. Quelqu'un qui voudrait les étudier ne devrait rien trouver sur eux. Peut-être pourra-t-il découvrir quelque chose en creusant la terre", a-t-il dit, sous des applaudissements. Interrogé par l'AFP sur ces commentaires, l'intéressé a répondu dans un texto qu'ils se référaient au "groupe terroriste du TPLF". Un responsable du gouvernement fédéral éthiopien, s'exprimant sous le couvert de l'anonymat, a néanmoins affirmé à l'AFP que cet allié du Premier ministre exprimait "des sentiments personnels", assurant qu'il n'avait pas explicitement dit que tous les Tigréens devaient être éradiqués.