Tigré: Washington brandit la menace de nouvelles sanctions

Le président américain Joe Biden a signé vendredi un décret qui permettra à son administration de prendre des sanctions contre les protagonistes du sanglant conflit dans la région éthiopienne du Tigré, s'ils ne s'engagent pas vers une solution négociée.

AFRICA RADIO

17 septembre 2021 à 18h36 par AFP

Ce conflit "est une tragédie", a estimé Joe Biden dans un communiqué, se disant "horrifié par les informations sur des meurtres de masse, de viols et d'autres violences sexuelles destinées à terroriser les populations civiles." Ce décret "établit un régime de sanctions pour augmenter la pression sur toutes les parties qui alimentent ce conflit afin qu'elles viennent à la table des négociations", et pour que "l'Erythrée retire ses troupes", a expliqué un haut responsable de l'administration américaine lors d'un point presse. Il a précisé que les Etats-Unis ne prendraient pas dans l'immédiat de mesures, mais se dotaient du cadre pour le faire si nécessaire. Le nouveau dispositif donnera au département du Trésor "l'autorité nécessaire" pour imposer en temps voulu des sanctions contre le gouvernement éthiopien, le gouvernement érythréen, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) et le gouvernement de la région de l'Amhara, selon le communiqué du président. Faute d'avancées "concrètes", les Etats-Unis sont "prêts" à sanctionner des individus ou des entités "dans les semaines" à venir, a dit le haut responsable, sans donner toutefois les noms des personnes physiques ou morales qui pourraient être visées. Ces avancées "concrètes" permettant d'éviter des sanctions pourraient être d'accepter une médiation de l'Union africaine ou de permettre des convois humanitaires quotidiens, a-t-il précisé. "Une autre voie (que celles des sanctions) est possible", a-t-il indiqué. Les Etats-Unis avaient déjà annoncé fin août des sanctions contre un haut responsable militaire érythréen pour des exactions. Le nord de l'Ethiopie est ravagé par de violents combats depuis que le Premier ministre Abiy Ahmed a envoyé l'armée au Tigré, pour destituer les autorités régionales issues du Front de libération du peuple du Tigré (TPLF). Le régime érythréen a soutenu militairement Addis Abeba en envoyant des troupes dans cette région qui borde sa frontière sud. Ce conflit a fait des milliers de morts et placé des centaines de milliers d'habitants dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU. Le Premier ministre Abiy Ahmed accuse les puissances occidentales, dont les Etats-Unis, de négliger les crimes commis par le TPLF, considéré par l'Ethiopie depuis le mois de mai comme un groupe terroriste. Il a réitéré ces accusations vendredi dans une lettre ouverte adressée à Joe Biden, en réponse au décret. "Malheureusement, alors que le monde entier tourne son attention sur l'Ethiopie et son gouvernement pour de mauvaises raisons, il échoue à réprimander ouvertement et sévèrement le groupe terroriste de la même manière qu'il punit mon gouvernement", déplore-t-il, regrettant un "deux poids, deux mesures". L'Onu a de son côté alerté sur le fait que des centaines de camions d'aide humanitaire n'étaient "pas revenus" du Tigré, entravant la réponse humanitaire. Le gouvernement éthiopien et le TPLF se renvoient la balle quant à la disparition de ces convois.