Tunisie: Ennahdha dénonce une campagne de "dénigrement" visant à l'exclure

Le parti tunisien d'inspiration islamiste Ennahdha, en conflit avec le président Kais Saied, a dénoncé lundi une campagne de "dénigrement" orchestrée par des responsables politiques pour l'exclure de la scène politique.

AFRICA RADIO

6 décembre 2021 à 15h06 par AFP

Pour certains, "Ennahdha est le parti qui doit être attaqué de n'importe quelle façon", a déploré lors d'une conférence de presse à Tunis Sami Triki, conseiller politique du chef de ce mouvement, Rached Ghannouchi. "L'objectif de la campagne de dénigrement, à laquelle même un ancien ministre participe, est de nous exclure et de nous écarter de la scène politique en s'appuyant sur l'appareil d'Etat", a-t-il ajouté. Le 25 juillet, le président Saied, invoquant un "péril imminent" après plusieurs mois de paralysie politique, s'est arrogé les pleins pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire), en gelant les activités du Parlement et en limogeant le premier ministre Hichem Mechichi qui était soutenu par Ennahdha. Le parti qui était la première force au Parlement considère les mesures de M. Saied comme un "coup d'Etat" et une "menace" contre le processus démocratique. Il dénonce "le maintien du monopole du pouvoir" par M. Saied et l'"instauration d'un pouvoir absolu". Sans les citer directement, M. Saied a affirmé à plusieurs reprises que les responsables d'Ennahdha "ne reviendraient jamais" au pouvoir. "Il y a ceux qui croient à l'exclusion et considèrent qu'une partie des Tunisiens doit être sous terre ou en prison", a déploré Ali Laaryadh, vice-président du parti Ennahdha. "Ceci ne fait pas avancer le pays et représente un danger contre la démocratie". M. Laaryadh, ex-Premier ministre (mars 2013 - novembre 2014) a dénoncé aussi une "instrumentalisation de l'appareil d'Etat" et des "tentatives pour faire pression sur la magistrature" de "personnalités occupant des postes à responsabilité dans l'Etat", pour écarter Ennahdha. Il a appelé M. Saied à revenir sur ses décisions et à "reprendre le bon chemin", seul espoir, selon lui, pour sortir le pays de la situation difficile dans laquelle il se trouve.