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Tunisie: Macron qualifie le référendum d'"étape importante", appelle à un "dialogue inclusif"

Le président français Emmanuel Macron a qualifié mardi d'"étape importante" le référendum controversé qui a conduit à l'adoption d'une nouvelle Constitution en Tunisie octroyant de vastes prérogatives au chef de l'Etat et appelé son homologue Kais Saied à oeuvrer pour un "dialogue inclusif" dans son pays.

AFRICA RADIO

9 août 2022 à 16h06 par AFP

"Le président de la République a indiqué que la tenue, le 25 juillet dernier, du référendum sur le projet de constitution était une étape importante dans le processus de transition politique en cours", a déclaré la présidence française à l'issue d'un entretien téléphonique entre les deux chefs d'Etat. "Il a rappelé la nécessité, dans le respect de la souveraineté de la Tunisie, de parachever la réforme des institutions en cours dans le cadre d'un dialogue inclusif", a-t-elle ajouté. La nouvelle loi fondamentale a été adoptée à une majorité écrasante de 94,6%, selon des résultats préliminaires, mais le faible taux de participation - un quart des électeurs - entame la légitimité du processus, selon ses opposants. Des législatives doivent avoir lieu le 17 décembre. Les Etats-Unis ont mis en garde contre le risque que la Constitution ne garantisse pas suffisamment les droits et libertés des Tunisiens. L'Union européenne a appelé les autorités à "préserver" les libertés fondamentales et insisté sur la nécessité d'un "large consensus" entre les forces politiques et la société civile pour "toutes les réformes politiques et économiques importantes" à venir. La Tunisie, confrontée à une crise économique aggravée par le Covid et la guerre en Ukraine, est très polarisée depuis que M. Saied, élu démocratiquement en 2019, s'est emparé de tous les pouvoirs le 25 juillet 2021, arguant d'une ingouvernabilité du pays. Selon la nouvelle loi fondamentale, le président qui ne peut être destitué désigne le chef du gouvernement et les ministres et peut les révoquer à sa guise. Les défenseurs des droits humains et l'opposition dénoncent l'absence de contrepouvoirs et de garde-fous dans ce texte. Le président français a par ailleurs réitéré que la Tunisie pouvait "compter sur le soutien de la France" dans ses discussions avec le Fonds monétaire international pour l'octroi d'un prêt, conditionné à la mise en place d'un programme de réformes. Il a également dit "la disponibilité de la France à travailler avec la Tunisie pour répondre aux besoins" alimentaires du pays face aux pénuries engendrées par la guerre en Ukraine, un des premiers producteurs mondiaux de céréales avec la Russie.