Ethiopie: 47% des habitants du Tigré en grave manque de nourriture en juin, selon le PAM

Près de la moitié des habitants de la région éthiopienne du Tigré manquait gravement de nourriture en juin et la situation ne devrait pas s'améliorer d'ici la récolte annuelle en novembre, malgré l'arrivée récente d'aide, indique vendredi le Programme alimentaire mondial (PAM).

19 août 2022 à 17h51 par AFP

Le conflit qui a éclaté en novembre 2020 entre le gouvernement fédéral et les autorités rebelles de cette région du nord de l'Ethiopie "plonge de plus en plus profondément la population à travers le Tigré dans la faim", avec de forts taux de malnutrition infantile, note le PAM dans son dernier rapport sur la sécurité alimentaire (EFSA).
Les combats ont cessé depuis une trêve fin mars, qui a permis la reprise en avril des convois d'aide humanitaire après trois mois d'interruption.
Mais la région reste coupée du reste du pays, dépourvue d'électricité, de télécommunications et largement privée de carburant et de liquidités, faute de services bancaires et en raison de la destruction de l'économie locale.
"Dans une région où la nourriture est habituellement disponible, (...) 89% des habitants vivaient dans l'insécurité alimentaire en juin 2022", soit 6 points de plus qu'en novembre 2021, selon le PAM, et près de la moitié de la population (47%) souffraient d'"insécurité alimentaire grave".
Alors que 80% des Tigréens dépendent d'une agriculture de subsistance, les récoltes de novembre 2021 ont été inférieures à la moyenne, note le PAM.
En outre, "le flux de fournitures humanitaires et commerciales vers le Tigré restant sévèrement restreint et insuffisant, les prix des produits alimentaires et non-alimentaires continuent d'augmenter".
Le PAM évoque des différences de prix de 70% à 300% pour les céréales et de 58% à 99% pour l'huile végétale par rapport aux régions voisines.
L'agence onusienne rapporte que 85% des ménages disent ne pas acheter de nourriture sur les marchés faute de liquidités.
Au sein de l'échantillon de 3.000 ménages interrogés par le PAM entre le 21 mai et le 5 juin, 81% disaient avoir reçu au moins une fois de l'aide humanitaire depuis le début du conflit.
Mais seuls 8% d'entre eux disaient avoir reçu de l'aide au cours des trois derniers mois, alors que près des deux-tiers n'en ont plus rien reçu depuis plus d'un an.
L'arrivée de plus 6.000 camions d'aide à Mekele, la capitale régionale, entre le 1er avril et fin juillet "ne s'est pas encore traduite par une hausse de l'assistance humanitaire car d'autres défis persistent comme un accès limité au carburant" qui restreint les distributions hors de la ville, souligne le PAM.
Au 6 juillet, le PAM et ses partenaires avaient néanmoins pu distribuer de la nourriture à quelque 4,66 millions de personnes. "Mais les carences alimentaires devraient persister jusqu'en novembre", date de la prochaine récolte annuelle "sauf si la distribution d'aide humanitaire s'améliore", estime l'agence.