Embargo sur les armes en Centrafrique: progrès insuffisants selon le chef de l'ONU
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, estime que des progrès ont été réalisés par la Centrafrique dans le contrôle des armements mais qu'ils restent insuffisants, dans un rapport remis cette semaine au Conseil de sécurité à l'approche de l'expiration fin juillet de l'embargo sur les armes imposé à ce pays.
16 juin 2022 à 17h51 par AFP
"Le gouvernement a continué à faire des progrès dans la mise en oeuvre des principaux objectifs (établis par l'ONU) avec le soutien de la (force de Casques bleus) Minusca et d'autres partenaires régionaux et internationaux", indique Antonio Guterres dans son document encore confidentiel obtenu mercredi par l'AFP. "Néanmoins, des progrès supplémentaires sont nécessaires, en particulier pour mettre en oeuvre le programme national de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement" de combattants, ajoute-t-il, sans se prononcer clairement en faveur ou non d'une nouvelle prolongation fin juillet de l'embargo sur les armes destinées à la Centrafrique. En vigueur depuis 2013, cette mesure est dénoncée depuis longtemps par Bangui qui demande sa suppression, affirmant qu'elle pénalise le gouvernement dans son combat contre les groupes armés qui continuent de contrôler une grande partie du pays. Ces dernières années, avec l'aide de la Russie avec laquelle elle a établi un partenariat, la Centrafrique avait obtenu plusieurs allégements de l'embargo sur les armes. "Il est important de veiller à ce que l'embargo sur les armes, ainsi que d'autres sanctions ciblées contre les groupes armés, produisent les résultats nécessaires et souhaités, en vue d'améliorer la situation politique et sécuritaire dans le pays", souligne le secrétaire général de l'ONU dans son rapport. La Centrafrique est ravagée depuis 2013 par une guerre civile qui a néanmoins considérablement baissé d'intensité depuis 2018. - Exactions contre des civils - Fin 2020, à l'occasion d'une offensive sur Bangui par des groupes armés, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra avait appelé Moscou à la rescousse de son armée démunie. Depuis, des centaines de paramilitaires russes -- des "mercenaires" de la compagnie privée de sécurité Wagner selon l'ONU et des capitales occidentales -- ont été déployés dans le pays, permettant de refouler les rebelles de zones qu'ils contrôlaient, sans pouvoir y réinstaller partout et durablement l'autorité de l'Etat. Dans un deuxième rapport trimestriel remis jeudi aux 15 membres du Conseil de sécurité, Antonio Guterres dénonce des exactions attribuées dans l'ouest et l'est du pays aux groupes armés mais aussi aux forces de défense nationales ainsi qu'à "d'autres personnels de sécurité", une formulation visant les membres de Wagner. "Des groupes armés, des forces de défense nationale et d'autres personnels de sécurité ont perpétré des extorsions, des impôts illégaux et des violences sexuelles contre la population civile", a-t-il écrit dans ce document obtenu par l'AFP. Le chef de l'ONU accuse aussi les forces centrafricaines et leurs alliés russes d'entraves à la liberté de mouvement des 12.000 Casques bleus de la Minusca. Il évoque des arrestations, des menaces, des fouilles de véhicules onusiens. De manière inédite dans un rapport de l'ONU sur l'une de ses missions de paix, Antonio Guterres déplore par ailleurs que l'invasion russe de l'Ukraine aggrave la situation socio-économique en Centrafrique, "provoquant une pénurie de pétrole et de produits alimentaires de base" et une forte hausse des prix.