Jean Claude Naimro du groupe Kassav rend hommage a Jacob Desvarieux

La libre antenne du vendredi

Au Nigeria, une chaîne de télé craint pour son avenir après la suspension de Twitter

Sur les murs de la rédaction de News Central, une inscription: "non à la médiocrité et à la désinformation".Mais pour ses dizaines de journalistes, quasiment tous âgés de moins de 40 ans, le travail s'est compliqué depuis la décision du gouvernement de suspendre Twitter.

La cha&icirc;ne, lanc&eacute;e il y a &agrave; peine deux ans ambitionne de devenir la plus grande cha&icirc;ne panafricaine d'information en continu.Dans ses locaux flambants neufs du centre financier de la capitale &eacute;conomique du Nigeria, tous les postes d'&eacute;dition sont occup&eacute;s, les pr&eacute;sentateurs passent au maquillage avant de rentrer en studio.
Pour News Central, jeune m&eacute;dia en pleine expansion mais qui a encore peu de visibilit&eacute;, la d&eacute;cision&nbsp;vendredi du gouvernement de suspendre Twitter est catastrophique.
"Nous d&eacute;pendons largement du trafic que nous ram&egrave;nent nos tweets pour faire conna&icirc;tre notre cha&icirc;ne Youtube et la cha&icirc;ne sur bouquet satellite", explique &agrave; l'AFP Oladayo Martins, responsable du d&eacute;veloppement web.
Lundi, les autorit&eacute;s ont somm&eacute; toutes les t&eacute;l&eacute;visions et les radios de supprimer leur compte Twitter et &agrave; ne plus utiliser le r&eacute;seau social pour rechercher des informations, m&ecirc;me avec un VPN (r&eacute;seau priv&eacute; virtuel), sous peine de voir leur licence suspendue.

- "40% de t&eacute;l&eacute;spectateurs en moins -

"On ne sait pas ce qui va se passer maintenant.Nous avons perdu d&eacute;j&agrave; 40% de spectateurs en cinq jours.On est une cha&icirc;ne panafricaine, mais notre public est essentiellement compos&eacute; de jeunes Nig&eacute;rians", se d&eacute;sole-t-il.
Dans le pays le plus peupl&eacute; d'Afrique, 75% des 210 millions d'habitants ont moins de 24 ans, selon les Nations Unies: une jeunesse tr&egrave;s nombreuse, mais aussi ultraconnect&eacute;e.Environ 20% de la population - soit 40 millions de personnes - dit avoir un compte Twitter.
"On montre nos vies sur Instagram ou Facebook, mais quand il s'agit d'&eacute;changer, de d&eacute;battre sur des sujets d'actualit&eacute;, on le fait sur Twitter",&nbsp;raconte Tolulope Adeleru-Balogun, directrice des programmes.
L'une des &eacute;missions-phares News Central, NC Trendz, se consacre d'ailleurs aux sujets br&ucirc;lants de la Toile, les fameuses "tendances" et mots-di&egrave;ses qui donnent une id&eacute;e du "pouls" d'une soci&eacute;t&eacute; et de ce qui l'anime.
"On parlait des scandales li&eacute;s aux violences faites aux femmes, de l'assignation &agrave; domicile de Bobi Wine, l'opposant ougandais, o&ugrave; encore des d&eacute;bats autour du confinement en Afrique du Sud", raconte-t-elle."L'Afrique n'est pas un seul et m&ecirc;me pays, mais les probl&egrave;mes de la jeunesse africaine sont souvent similaires, et Twitter est un outil incroyable pour unir le continent".
Pour de nombreux observateurs et d&eacute;fenseurs des droits humains, la suspension du r&eacute;seau social au Nigeria est avant tout un coup port&eacute; &agrave; la libert&eacute; de la presse et d'expression des citoyens, de plus en plus critiques et virulents contre le pr&eacute;sident Muhammadu Buhari sur sa gestion &eacute;conomique et s&eacute;curitaire du pays.

- Tweeter depuis l'&eacute;tranger -

"Criminaliser l'utilisation de Twitter n'est pas seulement excessif, c'est ill&eacute;gal, car il n'y a pas de disposition dans nos lois qui permette des mesures aussi draconniennes", d&eacute;nonce &agrave; Abuja Osai Ojigho, directrice d'Amnesty International au Nigeria.&nbsp;
La directive minist&eacute;rielle n'a pas &eacute;t&eacute; soumise au Parlement et un m&eacute;dia ind&eacute;pendant a d&eacute;cid&eacute; de poursuivre le gouvernement en justice.Les partenaires occidentaux ont d&eacute;plor&eacute; la d&eacute;cision dans un communiqu&eacute; commun.Et des appels &agrave; manifester ont commenc&eacute; &agrave; &eacute;merger sur la Toile, mais pour l'instant, tous les m&eacute;dias audiovisuels respectent l'interdiction, en trouvant toutefois quelques parades.
Arise News est la cha&icirc;ne priv&eacute;e en vogue de la jeunesse nig&eacute;riane, et ici, pas question de se priver des r&eacute;seaux sociaux.Son compte Twitter qui ne comptait que 39.000 abonn&eacute;s en mai 2020, d&eacute;passe aujourd'hui les 292.000 inscrits.&nbsp;
Alors, dans la haute tour vitr&eacute;e du quartier chic d'Ikoyi, on a certes d&eacute;branch&eacute; les VPN, mais&nbsp;on continue &agrave; publier des tweets...depuis les bureaux de Londres ou de Washington."Quasiment la moiti&eacute; de nos internautes viennent de la diaspora et beaucoup de Nig&eacute;rians utilisent des VPN", se rassure Agharim Irabor-Omoruyi, en charge des r&eacute;seaux sociaux.
D'ailleurs, jeudi matin, #AriseNews &eacute;tait la tendance la plus partag&eacute;e du web nig&eacute;rian, malgr&eacute; l'interdiction en vigueur.La cha&icirc;ne recevait le pr&eacute;sident Buhari, 78 ans, pour sa premi&egrave;re interview devant des journalistes depuis le d&eacute;but de son deuxi&egrave;me mandat, il y a deux ans.
A la question que tout le monde attendait - quand et si Twitter allait &ecirc;tre r&eacute;tabli -, le chef de l'Etat a souri et r&eacute;pondu qu'il gardait la r&eacute;ponse pour lui-m&ecirc;me.&nbsp;

Au Nigeria, une chaîne de télé craint pour son avenir après la suspension de Twitter

Sur les murs de la rédaction de News Central, une inscription: "non à la médiocrité et à la désinformation".Mais pour ses dizaines de journalistes, quasiment tous âgés de moins de 40 ans, le travail s'est compliqué depuis la décision du gouvernement de suspendre Twitter.

Podcast

Jean Claude Naimro du groupe Kassav rend hommage a Jacob Desvarieux

La libre antenne du vendredi