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Burundi: Ndayishimiye, un homme du sérail présumé plus ouvert que son mentor

Le nouveau président du Burundi, Évariste Ndayishimiye, un cacique du parti au pouvoir qui a prêté serment jeudi, paraît plus conciliant que son mentor défunt, le président Pierre Nkurunziza, même s'il s'est placé d'emblée dans son sillage.

Jeudi, dans le stade Ingoma de Gitega, la capitale administrative du pays, il a &eacute;t&eacute; investi et a rendu un hommage appuy&eacute; &agrave; son pr&eacute;d&eacute;cesseur, dont le d&eacute;c&egrave;s soudain le 8 juin officiellement d'un "arr&ecirc;t cardiaque" a pr&eacute;cipit&eacute; le d&eacute;but du mandat de M. Ndayishimiye, initialement pr&eacute;vu en ao&ucirc;t.
"Neva", son surnom, est pr&eacute;sent&eacute; par son parti le CNDD-FDD comme l'h&eacute;ritier du pr&eacute;sident Nkurunziza, qui a dirig&eacute; le pays pendant 15 ans.L'un et l'autre faisaient partie de la r&eacute;bellion hutu qui acc&eacute;da au pouvoir &agrave; l'issue de la guerre civile (1993-2006).
D&eacute;sign&eacute; candidat en janvier, M. Ndayishimiye, 52 ans, est l'un des hommes cl&eacute;s du syst&egrave;me qui a verrouill&eacute; le pays depuis la crise de 2015.La r&eacute;&eacute;lection de M. Nkurunziza &agrave; un troisi&egrave;me mandat controvers&eacute; avait alors d&eacute;bouch&eacute; sur des violences politiques qui ont fait au moins 1.200 morts et se poursuivent.
En tant que secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral du parti au pouvoir, depuis 2016,&nbsp;M.Ndayishimiye a plut&ocirc;t pr&ocirc;n&eacute; la tol&eacute;rance politique et ne para&icirc;t pas avoir &eacute;t&eacute; directement impliqu&eacute; dans des violations des droits de l'homme.Mais il n'a pas emp&ecirc;ch&eacute; non plus les abus, commis notamment par les Imbonerakure, la ligue de jeunesse du CNDD-FDD.
Sa d&eacute;signation a &eacute;t&eacute; le r&eacute;sultat d'un compromis entre le pr&eacute;sident Nkurunziza et le petit groupe de g&eacute;n&eacute;raux issus de l'ancienne r&eacute;bellion hutu qui contr&ocirc;laient avec lui tous les leviers du pouvoir, selon une &eacute;tude publi&eacute;e r&eacute;cemment par l'Initiative pour les droits humains au Burundi.

- R&eacute;ticence des g&eacute;n&eacute;raux?-

Le chef de l&rsquo;&Eacute;tat sortant avait semble-t-il port&eacute; son choix sur un civil, Pascal Nyabenda, le pr&eacute;sident de l'Assembl&eacute;e nationale mais il avait d&ucirc; c&eacute;der face &agrave; ces g&eacute;n&eacute;raux d&eacute;termin&eacute;s &agrave; ce qu'un militaire reste au sommet du pouvoir.
La disparition de M. Nkurunziza, qui devait rester tr&egrave;s influent, pourrait donner &agrave; M. Ndayishimiye une plus grande libert&eacute; de man&oelig;uvre.Mais les observateurs se demandent s'il aura la capacit&eacute; de s'&eacute;manciper face &agrave; ce groupe de g&eacute;n&eacute;raux dont il ne fait pas partie.
S'il cherche &agrave; r&eacute;former, "il risque de se heurter &agrave; des obstacles, &agrave; des r&eacute;ticences de la part de ces g&eacute;n&eacute;raux qui ont int&eacute;r&ecirc;t &agrave; se prot&eacute;ger", pr&eacute;voit Carina Tertsakian, de l'Initiative pour les droits humains au Burundi.
M. Ndayishimiye venait d'entrer &agrave; l'universit&eacute; du Burundi lorsque la guerre civile &eacute;clata en 1993.Il &eacute;tait en deuxi&egrave;me ann&eacute;e de droit quand fut perp&eacute;tr&eacute; le massacre de dizaines d'&eacute;tudiants hutu par des extr&eacute;mistes tutsi en 1995, un &eacute;pisode dont il r&eacute;chappa par miracle et qui le convainquit de prendre les armes.
Il fut le principal n&eacute;gociateur du CNDD-FDD lors de la signature en 2003 de l'accord de cessez-le-feu de la guerre civile, qui fit au moins 300.000 morts, et occupa ensuite plusieurs postes de haut niveau au sein du gouvernement, s'affirmant alors comme un homme de consensus.

- "R&eacute;putation d'ouverture" -

Plusieurs t&eacute;moins l'ayant c&ocirc;toy&eacute; depuis cette &eacute;poque et interrog&eacute;s par l'Initiative brossent le portrait de&nbsp;quelqu'un de simple, plut&ocirc;t tol&eacute;rant, peu corrompu, mais aussi d'une personnalit&eacute; manquant de caract&egrave;re et plus encline &agrave; suivre un chef qu'&agrave; diriger.
"C&rsquo;est un homme plut&ocirc;t ouvert, d'abord facile, qui aime blaguer et rire avec ses amis", confirme un de ses amis &agrave; l'AFP, sous couvert de l'anonymat."Mais contrairement &agrave; Nkurunziza, qui (&eacute;tait) un animal &agrave; sang froid et tr&egrave;s sobre (...), &Eacute;variste Ndayishimiye est plut&ocirc;t col&eacute;rique, s'emporte tr&egrave;s facilement au risque de s'enflammer".
"Il a une r&eacute;putation d'ouverture et d'honn&ecirc;tet&eacute; contrairement aux autres g&eacute;n&eacute;raux", d&eacute;crypte pour l'AFP un diplomate fin connaisseur des arcanes du pouvoir burundais."C'&eacute;tait le meilleur choix, mais il aura fort &agrave; faire pour impulser le changement et l'ouverture &agrave; l'opposition dans un parti domin&eacute; par un courant extr&eacute;miste et sectaire".
M. Ndayishimiye est un fervent croyant et pratiquant, de confession catholique.Cela pourrait aider le pouvoir &agrave; renouer avec l&rsquo;&Eacute;glise catholique, qui n'a pas m&acirc;ch&eacute; ses mots &agrave; l'&eacute;gard de la d&eacute;rive observ&eacute;e depuis 2015.
Son profil plut&ocirc;t mod&eacute;r&eacute; pourrait aussi lui valoir une certaine bienveillance de la communaut&eacute; internationale et l'aider &agrave; briser un peu l'isolement du pays, m&ecirc;me s'il a d&eacute;nonc&eacute; les ing&eacute;rences ext&eacute;rieures dans son discours d'investiture.