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Cessez-le-feu en Libye: du "progrès" à Moscou mais pas encore d'accord

Les négociations à Moscou destinées à signer un accord formel de cessez-le-feu en Libye se sont soldées par du "progrès", sans toutefois aboutir à la signature de ce document crucial pour la trêve entre les belligérants, entrée en vigueur la veille.

Le chef du gouvernement reconnu par l'ONU (GNA), Fayez al-Sarraj, et l'homme fort de l'Est, le mar&eacute;chal Khalifa Haftar, dont les troupes s'opposent depuis plus de neuf mois aux portes de Tripoli, s'&eacute;taient d&eacute;plac&eacute;s &agrave; Moscou pour ces pourparlers.
"Un certain progr&egrave;s a &eacute;t&eacute; obtenu", s'est f&eacute;licit&eacute; le chef de la diplomatie russe, Sergue&iuml; Lavrov, lors d'une conf&eacute;rence de presse &agrave; l'issue de n&eacute;gociations qui ont dur&eacute; environ sept heures.
Fayez al-Sarraj a sign&eacute; le projet d'accord, alors que Khalifa Haftar a demand&eacute; "un peu de temps suppl&eacute;mentaire jusqu'au matin" pour r&eacute;fl&eacute;chir, a-t-il pr&eacute;cis&eacute;, tout en assurant que le mar&eacute;chal consid&egrave;re ce document "de mani&egrave;re positive".
Les discussions, qui illustrent l'influence croissante de Moscou dans cet &eacute;pineux dossier, ont impliqu&eacute; les d&eacute;l&eacute;gations des deux camps et ont &eacute;t&eacute; chapeaut&eacute;es par M. Lavrov et le ministre russe de la D&eacute;fense, Sergue&iuml; Cho&iuml;gou, ainsi que par leurs homologues turcs, Mevlut Cavusoglu et Hulusi Akar.
Aucune rencontre physique entre Fayez al-Sarraj et&nbsp;le mar&eacute;chal Khalifa Haftar - qui se sont vus la derni&egrave;re fois en f&eacute;vrier &agrave; Abou Dhabi - n'a cependant eu lieu, selon le pr&eacute;sident du Conseil d'Etat libyen (l'&eacute;quivalent d'un S&eacute;nat) bas&eacute; &agrave; Tripoli, Khaled al-Mechri.
Le projet d'accord, dont l'AFP a obtenu copie, soutient l'initiative russo-turque de mettre en place "une cessation illimit&eacute;e des hostilit&eacute;s" en Libye.Il pr&ocirc;ne "la normalisation de la vie quotidienne &agrave; Tripoli et les autres villes" et l'acc&egrave;s et la distribution "en toute s&eacute;curit&eacute;" de l'aide humanitaire.&nbsp;
- 'cessez-le-feu durable' -
Ankara soutient Sarraj et d&eacute;ploie m&ecirc;me pour ce faire des militaires, tandis que Moscou, malgr&eacute; ses d&eacute;n&eacute;gations, est soup&ccedil;onn&eacute; d'appuyer Haftar avec des armes, de l'argent et des mercenaires.
Signe de leur poids croissant dans le chaos libyen et malgr&eacute; leur rivalit&eacute; sur le terrain, les pr&eacute;sidents russe et turc, Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan, avaient annonc&eacute; le 8 janvier le cessez-le-feu qui est entr&eacute; en vigueur dimanche.
"Nous d&eacute;ployons des efforts pour que le cessez-le-feu soit durable", a soulign&eacute; lundi M. Erdogan, lors d'une conf&eacute;rence de presse &agrave; Ankara avec le Premier ministre italien, Giuseppe Conte.
Cette tr&ecirc;ve devrait d&eacute;boucher sur une conf&eacute;rence internationale sur la Libye sous l'&eacute;gide de l'ONU &agrave; Berlin, qui pourrait se tenir le 19 janvier, selon les Allemands.La chanceli&egrave;re Angela Merkel a d'ailleurs rencontr&eacute; samedi &agrave; Moscou &nbsp;le pr&eacute;sident russe.
M. Poutine a encha&icirc;n&eacute; ces derniers jours les conversations t&eacute;l&eacute;phoniques avec les dirigeants arabes et europ&eacute;ens.
Pour Moscou, il s'agit d'accro&icirc;tre encore son influence au Moyen Orient et de regagner le terrain perdu en Libye, en profitant de l'&eacute;chec occidental &agrave; pacifier le pays depuis neuf ans.
Mais des analystes doutent qu'une tr&ecirc;ve puisse durer."Haftar a une cible: la prise militaire de la capitale, ce qui lui permettrait de s'assoir &agrave; la table des n&eacute;gociations en dictant sa loi", &nbsp;souligne aupr&egrave;s de l'AFP Federica&nbsp;Saini&nbsp;Fasanotti de la Brookings Institution.
&nbsp;-&nbsp;&eacute;viter une "seconde Syrie" -

Entre l'arriv&eacute;e sur le terrain libyen de la Turquie, la pr&eacute;sence suspect&eacute;e de mercenaires russes et l'existence d'une multitude de groupes arm&eacute;s -- notamment des milices jihadistes, des trafiquants d'armes et des passeurs de migrants -- la communaut&eacute; internationale craint de voir le conflit libyen d&eacute;g&eacute;n&eacute;rer.
Comme en Syrie, o&ugrave; leur entente leur a permis de devenir les gendarmes du conflit bien qu'ils soutiennent des camps oppos&eacute;s, Moscou et Ankara se sont impos&eacute;s comme des m&eacute;diateurs incontournables en Libye, pays plong&eacute; dans le chaos depuis 2011.
L'Europe redoute en particulier que la Libye ne devienne une "seconde Syrie" et veut r&eacute;duire la pression migratoire &agrave; ses fronti&egrave;res, car elle a recueilli ces derni&egrave;res ann&eacute;es des centaines de milliers de migrants fuyant les conflits du monde arabo-musulman.
Le pr&eacute;sident fran&ccedil;ais Emmanuel Macron a ainsi insist&eacute; sur la n&eacute;cessit&eacute; d'un cessez-le-feu "cr&eacute;dible", tandis que l'UE veut croire en une "opportunit&eacute; importante" pour renouer le dialogue.
Pour Moscou, les Occidentaux sont largement responsables du conflit en Libye, pays ayant les plus importantes r&eacute;serves africaines de p&eacute;trole, car ils ont soutenu militairement les rebelles qui ont renvers&eacute; et tu&eacute; le colonel Mouammar Kadhafi en 2011.
Hormis des gains g&eacute;opolitiques sur ses rivaux et un acc&egrave;s privil&eacute;gi&eacute; au p&eacute;trole libyen, la Russie esp&egrave;re retrouver ce march&eacute; pour ses armes et son bl&eacute;.D'autant que Vladimir Poutine ambitionne de prendre pied en Afrique.&nbsp;
La Turquie a aussi des vis&eacute;es p&eacute;troli&egrave;res, &agrave; la faveur d'un accord controvers&eacute; avec le GNA qui &eacute;largit le plateau continental turc et lui permet de revendiquer l'exploitation de certains gisements.

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