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Coronavirus: des touristes en déroute dans un Maroc confiné

"On est stressés, on ne peut pas rentrer chez nous, on nous dit que tout va fermer ici et on ne sait pas quoi faire", s'inquiète Anna Karas, une Polonaise rencontrée lundi sur la place Jamaa el Fna, au coeur de Marrakech, la capitale touristique du Maroc.

Comme des milliers de touristes, cette commerciale de 37 ans venue de Varsovie pour des vacances avec des amis, se retrouve bloqu&eacute;e du fait de la suspension de tous les vols internationaux d&eacute;cid&eacute;e par les autorit&eacute;s marocaines pour contenir la propagation du nouveau coronavirus.
Au fil des jours, les communiqu&eacute;s officiels ont restreint toutes les activit&eacute;s dans le royaume qui se confine, comme d'autres pays dans le monde, fermant peu &agrave; peu les universit&eacute;s, les &eacute;coles, les cin&eacute;mas, les mus&eacute;es, les bars, les restaurants, les tribunaux et m&ecirc;me les mosqu&eacute;es.
Sur la place Jamaa El Fna, les cal&egrave;ches se prom&egrave;nent &agrave; vide, les taxis guettent les clients, les boutiques sont d&eacute;sertes.Et les montreurs de serpents et les musiciens de rue laissent indiff&eacute;rents les touristes accroch&eacute;s &agrave; leur t&eacute;l&eacute;phone, en qu&ecirc;te d&eacute;sesp&eacute;r&eacute;e d'informations sur leurs possibilit&eacute;s de rentrer chez eux.

- "C'est triste" -

"C'est le jour et la nuit, c'est triste, les rues sont vides", regrette Saad Tazi, le directeur de la Fondation Jardin Majorelle-Mus&eacute;e Yves Saint Laurent, le site le plus fr&eacute;quent&eacute; de Marrakech avec plus d'un million de visiteurs l'an dernier.&nbsp;
L'avenue o&ugrave; s'&eacute;tire d'habitude une longue file d'attente est d&eacute;serte et les rares visiteurs se heurtent aux grilles closes.
La fermeture des bo&icirc;tes de nuits depuis vendredi touche particuli&egrave;rement la ville, c&eacute;l&egrave;bre pour sa vie nocturne festive qui repr&eacute;sente ici les trois quarts du chiffre d'affaires li&eacute; au tourisme.
"Tout a chang&eacute;, les Marocains ne sortent plus et les touristes sont paniqu&eacute;s", souligne un responsable des services touristiques locaux.
"On a l'habitude des crises, mais l&agrave;, c'est sp&eacute;cial", dit-il, sous couvert de l'anonymat.&nbsp;
"Le pire, c'est que les gens nous regardent bizarrement parce qu'on est &eacute;tranger, comme si on allait les contaminer", s'inqui&egrave;te Anna qui esp&egrave;re partir le plus vite possible.
En soulignant dans sa derni&egrave;re intervention officielle que les personnes contamin&eacute;es venaient pour la plupart "de l'&eacute;tranger", le Premier ministre Saad-Eddine El Othmani n'a pas contribu&eacute; &agrave; apaiser les esprits.
D'autant plus que, malgr&eacute; les efforts des autorit&eacute;s pour contr&ocirc;ler la situation les rumeurs les plus folles agitent le pays.&nbsp;
"Certains ont dit que Marrakech &eacute;tait en quarantaine, c'est faux!", s'indigne le responsable des services de tourisme.
La crise du nouveau coronavirus intervient alors que le Maroc avait multipli&eacute; les liaisons a&eacute;riennes ces derni&egrave;res ann&eacute;es, recevant pr&egrave;s de 13 millions de touristes l'an dernier.
Le d&eacute;but de l'ann&eacute;e avait m&ecirc;me &eacute;t&eacute; marqu&eacute; par un record d'affluence, selon les chiffres officiels.&nbsp;
Apr&egrave;s avoir suspendu sans pr&eacute;avis les vols internationaux, les autorit&eacute;s marocaines ont autoris&eacute; "pr&egrave;s d'une centaine de vols sp&eacute;ciaux qui ont permis le rapatriement de plusieurs milliers de touristes", assure le minist&egrave;re marocain du tourisme qui affirme traiter "toutes les nationalit&eacute;s sur un m&ecirc;me pied d'&eacute;galit&eacute;".&nbsp;
Ces deux derniers jours, une quarantaine vols ont notamment &eacute;t&eacute; affr&eacute;t&eacute;s depuis diff&eacute;rents a&eacute;roports pour les 12.000 Fran&ccedil;ais bloqu&eacute;s par les restrictions a&eacute;riennes.
Mais tous n'ont pas encore r&eacute;ussi &agrave; partir, comme les montrent les innombrables messages qui s'&eacute;changent sur un groupe Whatsapp d'entraide baptis&eacute; "Les Fran&ccedil;ais rescap&eacute;s", qui comptent plusieurs centaines de membres.

- "Allez vous promener!"-

"Si vous pouvez, partez par le premier vol commercial disponible.Mais il faut savoir que tout le monde ne trouvera pas un si&egrave;ge aujourd'hui", pr&eacute;vient l'ambassadeur du Royaume-Uni Thomas Reilly sur Twitter.
"Sachez que le Foreign Office ne se mobilisera pas pour vous, mais on va trouver des solutions et en attendant, allez vous promener!", lance en &eacute;cho un guide britannique &agrave; un groupe qui attend dans un grand h&ocirc;tel de Marrakech.&nbsp;
Alors que l'Europe est devenue l'&eacute;picentre de la pand&eacute;mie, le Maroc demeure relativement &eacute;pargn&eacute; m&ecirc;me si, d'apr&egrave;s un nouveau bilan officiel, les cas d&eacute;tect&eacute;s ont tripl&eacute; en trois jours, passant &agrave; 29 lundi, dont un d&eacute;c&egrave;s.&nbsp;
Pour compl&eacute;ter le dispositif de pr&eacute;vention, les autorit&eacute;s marocaines ont lanc&eacute; un programme de d&eacute;sinfection pour les transports en commun et les taxis.A Marrakech, des &eacute;quipes sp&eacute;ciales ont &eacute;t&eacute; d&eacute;ploy&eacute;es dans la nuit de dimanche &agrave; lundi pour nettoyer les rues, notamment dans les quartiers touristiques.

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