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Le prix Nobel de la paix Denis Mukwege a réclamé justice ce jeudi pour les tueries et les viols perpétrés depuis près de 30 ans dans l'Est de la République démocratique du Congo, à l'occasion du 10e anniversaire d'un rapport-choc resté lettre morte.

"Nier qu'il y ait eu des crimes contre l'humanit&eacute; et des crimes de guerre en R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Congo, nier m&ecirc;me qu'il y ait eu un g&eacute;nocide en RDC, c'est &ecirc;tre de mauvaise foi", a d&eacute;clar&eacute; le gyn&eacute;cologue &agrave; l'AFP &agrave; l'occasion des dix ans de ce rapport des Nations unies, son arme contre l'impunit&eacute;.
L'enqu&ecirc;te portait sur les "violations des droits de l'homme les plus graves" commises en RDC entre 1993 et 2003, soit 617 au total, surtout pendant les deux guerres du Congo (1996-98 et 1998-2003): tueries, viols...
Les auteurs du rapport avaient "propos&eacute; un tribunal p&eacute;nal international pour le Congo ou des chambres mixtes sp&eacute;cialis&eacute;es avec juges congolais et des juges internationaux", rappelle le docteur sp&eacute;cialis&eacute; dans les soins aux femmes victimes de violences sexuelles.
Et depuis plus rien."Tant que l'impunit&eacute; perdurera et que les recommandations du rapport mapping seront ignor&eacute;es, les massacres des Congolais continueront", avait &eacute;crit le prix Nobel en juillet apr&egrave;s un massacre &agrave; Kipupu dans sa province du Sud-Kivu.
Un tweet qui lui a valu des menaces, affirme-t-il: "L'affaire de Kipupu &eacute;tait juste un pr&eacute;texte.Le noeud du probl&egrave;me c'est le rapport mapping.Je suis menac&eacute; depuis tr&egrave;s longtemps".&nbsp;

- La violence frappe toujours -

"Il y a toujours des bourreaux dans l'arm&eacute;e et dans la police qui continuent d'intimider des victimes qui sont oblig&eacute;es &agrave; garder le silence", insiste-t-il.
Sans doute pour des questions de s&eacute;curit&eacute;, le prix Nobel a &eacute;vit&eacute; de se joindre &agrave; la manifestation contre l'impunit&eacute; ce jeudi dans son propre fief de Bukavu.
Il a re&ccedil;u le soutien de quelques grandes ONG internationales comme Amnesty et Human Rights Watch (HRW) dans son combat contre l'impunit&eacute;: "Les autorit&eacute;s congolaises et les Nations unies n'ont pas suffisamment agi (...) pour rendre justice aux victimes dix ans apr&egrave;s le rapport mapping".
M&ecirc;me si elle fait moins de victimes qu'il y a 20 ans, la violence frappe toujours l'Est de la RDC.Plus de 1.300 personnes en sont mortes au cours du premier semestre 2020 dans les trois provinces de l'Est (Ituri, Nord et Sud Kivu), selon les Nations unies.
Le docteur Mukwege regrette que d'anciens miliciens aient &eacute;t&eacute; int&eacute;gr&eacute;s dans les forces r&eacute;guli&egrave;res au fil des programmes de d&eacute;mobilisations des groupes arm&eacute;s.
Un d&eacute;bat d'une actualit&eacute; br&ucirc;lante.Le pr&eacute;sident F&eacute;lix Tshisekedi tend la main aux groupes arm&eacute;s congolais toujours actifs dans les trois provinces de l'Est.

- Bilan contest&eacute; -

Certains demandent toujours l'amnistie et l'int&eacute;gration de leurs combattants dans l'arm&eacute;e r&eacute;guli&egrave;re pour rendre les armes.&nbsp;
Les deux guerres du Congo ont &eacute;t&eacute; l'un des conflits les plus meurtriers au monde depuis la Seconde guerre mondiale.
Une ONG am&eacute;ricaine, International Rescue Committee, a avanc&eacute; le chiffre controvers&eacute; de 5,4 millions de morts entre 1998 et 2007.
Un bilan contest&eacute; par les d&eacute;mographes, mais qui a marqu&eacute; l'esprit de nombreux Congolais, persuad&eacute;s que les conflits dans l'Est ont fait "six millions de morts", et qu'il y a eu un "g&eacute;nocide".
Le rapport cite les auteurs pr&eacute;sum&eacute;s de chaque crime.
Il y a la r&eacute;bellion congolaise des AFDL de Laurent-D&eacute;sir&eacute; Kabila, qui prend le pouvoir en mai 1997 en renversant les forces r&eacute;guli&egrave;res en d&eacute;bandade du vieux mar&eacute;chal Mobutu.

- Gouvernement tr&egrave;s discret -

Il y a les alli&eacute;s puis les rivaux de l'AFDL, l'Ouganda de Yoweri Museveni et le Rwanda de Paul Kagame, deux leaders toujours au pouvoir en 2020.
Comme il y a dix ans, Kigali rejette toujours le rapport des Nations unies: "On ne peut pas partir d'un projet de rapport contest&eacute; comme celui-ci pour lancer un tribunal p&eacute;nal international", a d&eacute;clar&eacute; le ministre rwandais des Affaires &eacute;trang&egrave;res Vincent Biruta, dans un entretien &agrave; Jeune Afrique mercredi.
"S'ils pensent que ce rapport a &eacute;t&eacute; mal fait, acceptons qu'il y ait une juridiction ind&eacute;pendant.S'ils sont accus&eacute;s, qu'ils viennent avec des arguments pour les blanchir", affirme M. Mukwege, interrog&eacute; sur les r&eacute;ticences du Rwanda.
Le pr&eacute;sident congolais Tshisekedi s'est rapproch&eacute; du Rwanda.Son gouvernement a &eacute;t&eacute; tr&egrave;s discret ce jeudi pour les dix ans du rapport des Nations unies, avec la simple participation d'un ministre &agrave; une manifestation &agrave; Kinshasa organis&eacute;e par l'Eglise du Christ du Congo (ECC, protestante).
Une manifestation a &eacute;t&eacute; interdite et dispers&eacute;e &agrave; Kisangani, ville-symbole des souffrances du Congo: les arm&eacute;es r&eacute;guli&egrave;res du Rwanda et de l'Ouganda s'y &eacute;taient battues en juin 2000.&nbsp;

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