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Wanindara, épicentre de la contestation anti-Condé dans la banlieue de Conakry

L'ami de Mamadou Diallo n'est jamais venu au rendez-vous convenu pour regarder la Ligue des champions de foot après la prière du soir.Il est mort ici à Wanindara, banlieue de Conakry et bastion de l'opposition guinéenne au président Alpha Condé.

C'&eacute;tait en novembre 2018, avant le d&eacute;but de la mobilisation dirig&eacute;e aujourd'hui contre un &eacute;ventuel troisi&egrave;me mandat de M. Cond&eacute;.
L'opposition multipliait alors les journ&eacute;es ville morte et les manifestations autour d'enjeux municipaux.Mamadou Bella Bald&eacute;, 30 ans, &eacute;tait tomb&eacute; en sortant de chez lui sur des militaires, qui avaient "ouvert le feu", avait &agrave; l'&eacute;poque expliqu&eacute; &agrave; l'AFP un membre de sa famille.
Son ami se souvient avoir fondu en larmes en voyant son corps.Il est toujours tr&egrave;s &eacute;mu alors que la Guin&eacute;e est &agrave; nouveau le th&eacute;&acirc;tre de manifestations, parfois durement r&eacute;prim&eacute;es, contre le projet pr&ecirc;t&eacute; au pr&eacute;sident Cond&eacute; de chercher &agrave; se succ&eacute;der &agrave; lui-m&ecirc;me fin 2020.
Depuis mi-octobre, au moins 30 civils et un gendarme ont &eacute;t&eacute; tu&eacute;s au cours de ces &eacute;v&eacute;nements qui inqui&egrave;tent la communaut&eacute; internationale, selon un d&eacute;compte de l'AFP.
Une fois de plus, Wanindara est au coeur de la contestation, &agrave; l'approche d'un r&eacute;f&eacute;rendum constitutionnel et de l&eacute;gislatives que l'opposition entend boycotter et m&ecirc;me emp&ecirc;cher dimanche, faisant craindre de nouvelles violences.
"On tire sur les gens, on arr&ecirc;te les gens, on frappe les vieux, on utilise une femme comme bouclier humain.Dans quel pays cela se passe-t-il ? Il n'y a qu'en Guin&eacute;e que cela arrive", se lamente Mamadou Diallo.


- Image de la Guin&eacute;e -

Le quartier qui a vu le jour &agrave; la fin des ann&eacute;es 1970, pauvre mais pas plus qu'un autre selon les standards guin&eacute;ens, a des airs de village.&nbsp;Ses petites rues en sable parsem&eacute;es de nids-de-poule m&egrave;nent &agrave; des maisons aux murs sales.Du linge pend aux fen&ecirc;tres et des vaches fouillent des tas d'ordures &agrave; la recherche de nourriture, pendant que des chiens errants s'abritent du soleil sous les camions.En pagne de wax, des femmes vont puiser de l'eau dans un forage collectif.
Wanindara est un des fiefs les plus turbulents de l'Union des forces d&eacute;mocratiques de Guin&eacute;e (UFDG), le principal parti d'opposition.Ses habitants d&eacute;noncent la persistance de violences polici&egrave;res et de disparitions sous le r&eacute;gime d'Alpha Cond&eacute;.
"La police vient et tire &agrave; balles r&eacute;elles", dit Ibrahim Barry, en expliquant que son fils a &eacute;t&eacute; tu&eacute; le 13 f&eacute;vrier en allant jouer au football.
Le gouvernement accuse l'opposition d'&ecirc;tre &agrave; l'origine des violences, &agrave; Wanindara comme ailleurs, et lui reproche d'instrumentaliser les victimes pour "salir l'image la Guin&eacute;e et de la police".
Assis dans son bureau climatis&eacute; sous un portrait d'Alpha Cond&eacute;, le ministre de la S&eacute;curit&eacute;, Albert Damantang Camara, &eacute;voque une "gu&eacute;rilla urbaine"."A qui profitent ces morts-l&agrave;?Qui a int&eacute;r&ecirc;t &agrave; ce qu'il y ait des morts et qu'on les mette sur le dos des forces de s&eacute;curit&eacute; ?", d&eacute;clare-t-il &agrave; l'AFP.
M&ecirc;me si les partis s'affirment pluralistes, les affiliations se font largement en fonction de l'origine ethnique.Le Rassemblement du peuple de Guin&eacute;e (RPG) d'Alpha Cond&eacute; recrute largement parmi les Malink&eacute;s, deuxi&egrave;me ethnie du pays, tandis que l'UFDG est soutenue par de nombreux Peuls, qui se sentent abandonn&eacute;s par le pouvoir, selon l'analyste Kabinet Fofana.


- Axe du mal ou de la d&eacute;mocratie -

Initialement quartier militaire, Wanindara a connu un afflux de population, principalement peule, &agrave; la fin des ann&eacute;es 1990, selon un chef de quartier, Abou Bangoura.Son activisme politique a vu le jour sous le r&eacute;gime autoritaire de Lansana Cont&eacute; (1984-2008) et s'est poursuivi sous la pr&eacute;sidence Cond&eacute;, premier pr&eacute;sident d&eacute;mocratiquement &eacute;lu en 2010 apr&egrave;s un demi-si&egrave;cle de r&eacute;gimes autoritaires.
La voie rapide qui jouxte le quartier, la route Le Prince, est surnomm&eacute;e, selon les camps, "l'axe de la d&eacute;mocratie" ou "l'axe du mal".
Un adolescent a encore &eacute;t&eacute; tu&eacute; la semaine derni&egrave;re pendant des heurts.
Toutes les manifestations n'ont pas &eacute;t&eacute; paisibles, reconna&icirc;t le chef de quartier Abou Bangoura.Mais de nombreux jeunes expliquent que, s'ils sont descendus dans la rue et ont lanc&eacute; des projectiles sur les forces de s&eacute;curit&eacute;, c'est pour emp&ecirc;cher qu'elles "fassent du mal" &agrave; leurs parents.
Le ministre de la S&eacute;curit&eacute; affirme qu'il n'y a pas de preuve de la responsabilit&eacute; des forces de l'ordre et que des enqu&ecirc;tes sont "syst&eacute;matiquement ouvertes".Douze membres des forces de s&eacute;curit&eacute; ont &eacute;galement &eacute;t&eacute; tu&eacute;s dans les heurts, dit-il, un chiffre que l'AFP n'a pas pu v&eacute;rifier de source ind&eacute;pendante.
Le comportement des policiers, gendarmes et militaires guin&eacute;ens est d&eacute;nonc&eacute; de longue date par les d&eacute;fenseurs des droits humains."Tout pointe vers leur responsabilit&eacute;", estime Fran&ccedil;ois Patuel, d'Amnesty International, en invoquant l'existence d'un nombre "incalculable" de t&eacute;moins.

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