Soudan du sud: l'élite pille les caisses de l'Etat

Le pillage massif des caisses de l'Etat par l'élite politique au Soudan du sud sape les droits de l'homme dans le plus jeune pays du monde et menace son procesus de paix déjà fragile, estime l'ONU dans un rapport publié jeudi.

23 septembre 2021 à 15h06 par AFP

Depuis qu'il a obtenu son indépendance du Soudan en 2011, le plus jeune pays du monde est en proie à une crise économique et politique chronique et peine à se remettre de la guerre civile, qui a fait près de 400.000 morts et quatre millions de déplacés entre 2013 et 2018.
Selon la Commission des droits de l'homme des Nations unies au Soudan du sud, une "sidérante" somme d'argent et d'autres biens ont été détournés des caisses et des ressources publiques: plus de 73 millions de dollars (62 millions d'euros) depuis 2018, dont près de 39 millions de dollars volés en moins de deux mois.
Ce chiffre ne représente qu'une fraction du pillage global des caisses de l'Etat, souligne l'ONU, indiquant que le président Salva Kiir a reconnu qu'en 2012 les élites au pouvoir avaient détourné plus de 4 milliards de dollars.
En pratiquant ce pillage à grande échelle, "les dirigeants du Soudan du sud sapent les droits de l'homme et mettent en danger la sécurité", estime le rapport qui appelle les dirigeants à mettre en oeuvre les termes de l'accord de paix et à la mise en place d'une véritable gestion économique.
"Ce pillage continue aussi à alimenter la compétition politique au sein des élites, et est un moteur clé du conflit en cours, des exactions et crimes, compromettant les perspectives de paix durable", estime la Commission dans ce rapport présenté au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève.
Selon un accord de paix de 2018, Salva Kiir et le vice-président Riek Machar, adversaires durant la guerre civile, participent au pouvoir dans un gouvernement d'union nationale, le premier en tant que président et le deuxième en tant que vice-président.
Mais ce gouvernement est sous la menace constante des luttes de pouvoir qui retardent la mise en application de l'accord de paix et alimentent la violence endémique et une crise économique.
Le rapport accuse les élites -- hommes politiques, responsables du gouvernement, membres de l'armée, d'institutions internationales ou de banques internationales -- d'adopter un système "hautement informel" de collecte du revenu pétrolier sans contrôle indépendant ni transparence, leur permettant de s'approprier indûement les fonds publics.
Le pays dépend presqu'entièrement des revenus pétroliers.