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Cameroun: 2.000 jours de détention provisoire pour un ex-patron de l'audiovisuel

Un ex-patron de l'audiovisuel public au Cameroun est en détention provisoire depuis 2.000 jours - plus de 5 ans et demi - pour détournement de fonds publics présumé, ont dénoncé mercredi son comité de soutien et son avocate.

AFRICA RADIO

19 janvier 2022 à 14h21 par AFP

"Aujourd'hui, cela fait 2.000 jours de détention illégale pour Amadou Vamoulké", ancien directeur général de la Cameroon radio-television (CRTV), a déclaré à l'AFP Alain Masse, président du comité international pour la réhabilitation et la libération du journaliste (Cirlav). "Septuagénaire gravement malade (il aura 73 ans en février, NDLR), Amadou Vamoulké est toujours détenu illégalement - depuis 5 ans et demi - dans le cadre d'un procès qui ne peut se dérouler faute d'accusation ni de témoin à charge", a regretté le Cirlav, dans un communiqué. Amadou Vamoulké avait été nommé à la tête de la CRTV en 2005 avant d'être arrêté en juillet 2016. Il avait par la suite été inculpé et est depuis poursuivi pour détournement de fonds publics présumé par le tribunal criminel spécial (TCS), une juridiction dédiée à la répression de la grande corruption. A ce jour, "il y a eu 90 renvois" de son procès, a calculé M. Masse alors qu'une nouvelle audience est prévue vendredi. "Nous dénonçons une justice qui est prise en otage par le politique", s'est indigné M. Masse. M. Vamoulké "est en prison parce qu'il a montré le mauvais exemple: celui de l'intégrité", a-t-il estimé. "Le procès de M. Vamoulké, qui est kafkaïen, ne peut m'apporter qu'un certain dégoût de la façon dont fonctionne la justice de mon pays", a déclaré Me Alice Nkom, membre de l'équipe d'avocats du journaliste. "C'est un procès de la honte", a-t-elle martelé. Le Cirlav a une nouvelle fois appelé à une "évacuation sanitaire urgente" du journaliste, indiquant qu'il "est en train de perdre l'usage de ses membres inférieurs" au fond de sa cellule où il "cohabite (...) avec des personnes qui ont été atteintes du Covid". En juillet 2021, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé une "infernale cabale judiciaire" et des accusations qui "ne reposent sur aucun élément sérieux". Le journaliste est, selon RSF, réputé pour son intégrité. En 2020, l'ONU avait demandé la libération du journaliste.