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Côte d'Ivoire: début du dépouillement pour les élections locales

Le dépouillement des élections municipales et régionales en Côte d'Ivoire a commencé samedi soir après un vote tenu dans le calme et qui permettra d'établir le rapport de force entre pouvoir et opposition à deux ans de la présidentielle.

AFRICA RADIO

2 septembre 2023 à 20h36 par AFP

Abidjan (AFP)

Le vote s'est officiellement terminé à 17H00 (locales et GMT) mais plusieurs bureaux, notamment dans certaines communes d'Abidjan, sont restés ouverts pour permettre aux électeurs empêchés par des retards à l'ouverture de voter, ont constaté des journalistes de l'AFP. 

De longues files d'attente s'étaient notamment formées dans des bureaux du Plateau, riche quartier des affaires d'Abidjan, où le scrutin a débuté avec plusieurs heures de retard. 

Selon le Coscel-Ci, un consortium d'organisations de la société civile qui a déployé des centaines d'observateurs sur tout le territoire, 63% des bureaux de vote ont ouvert entre 8h et 9h, et à midi la quasi-totalité étaient ouverts.

Quelques altercations ont été rapportées par la plateforme citoyenne "Aube Nouvelle" qui recense les potentiels foyers d'embrasement, mais le scrutin s'est globalement déroulé dans le calme sur l'ensemble du territoire.En 2020, 85 personnes avaient été tuées dans des troubles liées à la présidentielle.

Les résultats de cette élection des 201 maires et 31 conseils régionaux devraient être connus au compte-gouttes dans les prochains jours, avant la publication officielle par la Commission électorale indépendante (CEI), attendue dans le courant de la semaine prochaine. 

"Dans l’ensemble tout semble bien se passer", avait déclaré à la mi-journée le président de la CEI, Ibrahim Kuibiert, reconnaissant "quelques soucis logistiques" dans certains bureaux mais "pas de quoi s'alarmer".

Samedi, après avoir voté à Cocody, une commune d'Abidjan, le président Alassane Ouattara s'est réjoui d'une campagne "apaisée", espérant la participation "la plus forte possible".

- Enjeu national -

Dans un bureau de vote de Cocody, Patrice Aka, 62 ans, est venu choisir le "meilleur projet", celui qui "améliorera son cadre de vie".

"Les maires doivent s’occuper de la jeunesse, des écoles, des femmes qui souffrent sur les marchés, et de nos enfants qui ne travaillent pas", estime de son côté Toua Balelou, commerçante informelle de 64 ans, pour expliquer "l’importance" de son vote, dans la commune populaire de Yopougon. 

Mais le scrutin revêt également un enjeu national. 

"Les trois principales formations politiques de la Côte d'Ivoire participent.Cela permettra de voir leurs forces et faiblesses avant la bataille présidentielle de 2025", explique à l'AFP l'analyste politique Geoffroy Kouao.

Du côté du parti au pouvoir, le Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), une vingtaine de ministres et présidents d'institutions se présentaient devant les électeurs samedi. 

L'occasion d'identifier les figures qui pourraient se positionner en vue de la présidentielle.

Le président Ouattara, 81 ans, n'a toujours pas tranché la question d'une éventuelle candidature pour un quatrième mandat, et la liste de ses potentiels successeurs s'allonge. 

"Ceux qui veulent regarder plus haut doivent avoir l'onction du peuple, de leur base.Ce sera quitte ou double pour plusieurs" personnalités de la majorité en lice samedi, estime l'analyste politique Arthur Banga. 

La plupart des cadres du RHDP se présentent dans des localités traditionnellement acquises au parti au pouvoir, notamment dans le nord du pays où leur victoire fait peu de doute.

- Union de l'opposition - 

Face à la puissante machine RHDP, au pouvoir depuis 2011 et qui avait raflé 18 régions (sur 31) et 92 communes (sur 197) il y a cinq ans, l'opposition a tenté de jouer l'union sacrée.

Les deux principales formations, le Parti des peuples africains - Côte d'Ivoire (PPA-CI) de l'ex-président Laurent Gbagbo et le Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) orphelin de l'ancien chef d'Etat Henri Konan Bédié, décédé il y a un mois, ont fait de nombreuses listes communes. 

Il s'agit des premières élections depuis le retour de M. Gbagbo dans le pays, en juin 2021.

L'ancien président (2000-2011), acquitté par la justice internationale après avoir été accusé de crimes contre l'humanité lors de la crise post-électorale de 2011, est toutefois toujours radié des listes électorales en raison d'une condamnation en Côte d'Ivoire, pour des faits liés à cette crise.Il n'a donc pas pu voter samedi.