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Elections: le Lesotho, royaume instable, promis à une nouvelle coalition

Le petit royaume du Lesotho élit vendredi ses députés lors d'un scrutin qui aboutira à la désignation d'un nouveau Premier ministre mais la fin d'une longue instabilité politique dans l'ancien protectorat britannique n'est pas assurée.

AFRICA RADIO

7 octobre 2022 à 4h36 par AFP

Maseru (Lesotho) (AFP)

Le pays montagneux et majoritairement rural, enclavé dans le territoire sud-africain, a connu depuis son indépendance en 1966 une succession de coups d'Etat et d'exils forcés.

Quelque 1,5 million d'électeurs sont appelés aux urnes vendredi, entre 05H00 et 15H00 GMT. Plus de 50 partis sont en lice.Les résultats définitifs ne devraient pas être annoncés avant la semaine prochaine.

Le paysage politique est dominé par deux partis: la Convention de tous les Basothos (ABC) et le Congrès démocratique (DC). Mais aucune organisation n'a remporté de majorité absolue aux derniers scrutins et la monarchie constitutionnelle où le roi, Letsie III, n'a pas de pouvoir exécutif, est dirigée depuis dix ans par des gouvernements de coalition.

"Il est fort probable qu'il y ait une nouvelle coalition comme par le passé", prédit Liesl Louw-Vaudran, chercheuse à l'Institut sud-africain d'études de sécurité basé à Pretoria. 

A la veille des élections, la capitale Maseru était bercée par l'habituel ronron des taxis et les conversations en sotho (langue locale) des marchands ambulants serrés au bord de l'artère principale.

"Je n'ai jamais voté et je ne voterai jamais", a lancé à l'AFP Dineo Moketsie, 32 ans."Une perte de temps", selon cette enseignante car une fois en poste, les élus "ne font rien pour nous".

Le Lesotho est l'un des pays les plus pauvres de la planète avec une économie fragile qui repose essentiellement sur l'agriculture et un chômage élevé (22,5%). Plus de 30% de la population vit avec moins de 1,90 dollar par jour, selon la Banque mondiale. 

- Un millionnaire en lice -

Ceux prêts à affronter l'attente aux bureaux de vote, qui dure souvent des heures, ont commencé dans l'après-midi à rejoindre leur circonscription. 

En 2017, seuls 47% des inscrits avaient voté.L'ABC avait gagné 48 sièges sur 120, devant le DC avec 30 députés. 

"Les coalitions sont source d'instabilité car elles sont faites d'alliances entre partis qui n'ont pas grand chose en commun", explique Seroala Tsoeu-Ntokoane, du département d'Etudes politiques à la National University of Lesotho.

Une tentative de réforme visant notamment à empêcher les députés de changer de bord une fois élus a échoué avant le scrutin.

L'actuel Premier ministre, Moeketsi Majoro, 60 ans, en poste seulement depuis 2020, ne brigue pas de mandat.Il a succédé à Thomas Thabane, 83 ans, poussé à la démission et accusé d'avoir d'avoir commandité le meurtre de sa première femme avec qui il était en procédure de divorce.Les charges ont été abandonnées en juillet.

Candidat de l'ABC majoritaire, Nkaku Kabi, 49 ans, s'est dit confiant: "Les gens croient toujours en notre mouvement et nous allons gagner haut la main".Le DC est représenté par Mathibeli Mokhothu.

Mais les partis traditionnels pourraient être surpris par la candidature d'un homme d'affaires, Sam Matekane, 64 ans.Le millionnaire qui a fait fortune dans les mines de diamants est considéré comme l'homme le plus riche du pays.

"Notre pays est en train de sombrer: nous, les hommes d'affaires, nous devons le sauver", a expliqué à l'AFP le candidat qui se déplace en hélicoptère. 

"Ce mouvement semble en éclipser de nombreux autres", reconnaît le conseiller politique auprès du gouvernement, Rataibane Ramainoane."Grâce à des ressources immenses, sa présence s'est fait sentir dans tout le pays" pendant la campagne. 

Des observateurs indépendants de l'Union européenne, la Communauté de développement d'Afrique australe, l'Union africaine et du Commonwealth sont présents.