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Ethiopie: pas de réponses d'Addis sur le meurtre d'employés de MSF, déplore l'ONG

Les autorités éthiopiennes n'ont pas reçu la présidente de MSF-Espagne venue en Ethiopie discuter de l'enquête sur le meurtre toujours non éclairci de trois employés en 2021 au Tigré et ne l'ont pas autorisée à s'y rendre, a déploré mardi l'ONG.

AFRICA RADIO

26 juillet 2022 à 15h36 par AFP

"Nous sommes désemparés par le fait qu'après plus d'un an de contacts avec les autorités éthiopiennes nous n'avons toujours pas de réponses crédibles sur ce qui est arrivé à nos collègues ce jour-là", a expliqué Paula Gil, présidente de Médecins Sans Frontières Espagne (MSF-Espagne) dans un communiqué publié à l'issue de son séjour à Addis Abeba. Trois employés de MSF-Espagne - l'Espagnole Maria Hernandez et les Ethiopiens Yohannes Halefom Reda et Tedros Gebremariam - ont été tués par balles le 24 juin 2021 au Tigré, région du nord éthiopien alors en proie à des combats entre forces régionales rebelles et armée fédérale éthiopienne. MSF avait affirmé en janvier à l'issue d'une enquête interne que les trois travailleurs humanitaires avaient été tués de manière "intentionnelle", sans pouvoir dire qui était responsable. "Je n'ai pas pu eu la permission des autorités de me rendre au Tigré, ce qui signifie que je n'ai pu exprimer mon respect aux familles de Tedros et Yohannes, nos deux collègues éthiopiens brutalement assassinés", déplore Paula Gil dans ce communiqué. Durant cette visite de plusieurs jours conclue au cours du week-end, "je n'ai également pu rencontrer aucun représentant du gouvernement fédéral pour poursuivre les discussions sur leur enquête à propos du meurtre de nos trois employés", a-t-elle déploré. "Ma visite était censé être une étape décisive dans nos contacts avec le gouvernement fédéral éthiopien et il est désormais temps de réfléchir à nos prochaines mesures", a poursuivi Mme Gil. "Nous allons continuer à utiliser tous les voies et moyens pour faire en sorte que les responsables du meurtre de nos collègues rendent des comptes", a-t-elle ajouté. Le conflit au Tigré a commencé début novembre 2020 quand le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a envoyé l'armée fédérale, appuyée par des forces régionales de l'Amhara et l'armée érythréenne, pour déloger les autorités rebelles du Tigré. A l'issue d'une offensive lancée en juin 2021, les rebelles tigréens ont reconquis l'essentiel de la région. Les combats y ont quasiment cessé depuis une trêve humanitaire déclarée en mars dernier. Mais la situation humanitaire y reste catastrophique, la région étant difficile d'accès et privée de télécommunications, banques et de carburant. "Après 20 mois de conflit, désormais additionné à une hausse de l'insécurité alimentaire et de la malnutrition, je suis extrêmement inquiète de la situation désastreuse dans laquelle se trouvent les populations (au Tigré) privées d'accès aux services médicaux vitaux", souligne également Mme Gil.