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France : un hebdomadaire condamné en appel pour injure raciste

Le directeur de l'hebdomadaire français Valeurs actuelles et l'un de ses journalistes ont été condamnés jeudi en appel à Paris à une amende de 1.000 euros avec sursis pour injure publique à caractère raciste envers une députée.

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17 novembre 2022 à 16h21 par AFP

Le directeur, Erik Monjalous et le journaliste, Laurent Jullien, sont également condamnés par la cour d'appel à verser 5.000 euros de dommages et intérêts à la députée Danièle Obono (La France Insoumise, gauche radicale) ainsi qu'un euro symbolique pour les associations s'étant constituées parties civiles auprès de la députée. "En condamnant la rédaction de Valeurs Actuelles pour son infâme article +Obono l'Africaine+ qui avait choqué la France entière l'année dernière, la cour d'appel de Paris met un coup d'arrêt à la diffusion des discours racistes et xénophobes tenus par la droite extrême et l'extrême droite", a réagi Danièle Obono dans un communiqué reçu par l'AFP. "Cette nouvelle décision (...) est une validation et un encouragement à continuer le combat contre le racisme sous toutes ses formes et expressions", a-t-elle ajouté. Ces peines sont inférieures à celles prononcées en première instance: en octobre 2021, Erik Monjalous et Laurent Jullien avaient été condamnés à une amende de 1.500 euros chacun et à verser 5.000 euros de dommages et intérêts à Mme Obono, de même que le directeur de la rédaction de Valeurs actuelles, Geoffroy Lejeune. Jeudi, Geoffroy Lejeune a été relaxé de toutes les poursuites à son encontre. En août 2020, le magazine avait publié un récit de sept pages intitulé "Obono l'Africaine", où il racontait comment l'élue de Paris née au Gabon, dépeinte en esclave, expérimentait "la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" au XVIIIe siècle. L'article, accompagné de dessins représentant la députée collier en fer au cou, avait été condamné unanimement par toute la classe politique, le président Emmanuel Macron en tête. A la barre de la cour d'appel, l'élue était venue dire qu'elle ressentait "toujours un certain inconfort" depuis cette affaire. "Les références des images, les justifications qui sont faites autour, je ressens toujours l'injustice qui m'a été faite et l'humiliation que cela a été", avait-t-elle déclaré. L'auteur de l'article, Laurent Jullien, avait quant à lui expliqué que "le principe de cet épisode était de démontrer ce qu'était cet esclavage dans la réalité". Partie civile aux côtés de la députée LFI, la Ligue des Droits de l'Homme (LDH) s'est "réjouie" de la nouvelle décision de justice, en soulignant que "la prétendue fiction ne permet pas de représenter une députée de la République, parce que noire, comme esclave, dans une situation indigne". Dans son réquisitoire, l'avocat général Michel Lernoux avait rappelé que "c'est essentiellement en raison de son origine" que Danièle Obono avait été choisie. Il avait requis 10.000 euros d'amende contre Laurent Jullien, Geoffroy Lejeune et Erik Monjalous.