Kenya: le président élu Ruto promet un gouvernement "transparent"
Le président élu du Kenya William Ruto a promis mercredi, deux jours après avoir été déclaré vainqueur de l'élection du 9 août, que son futur gouvernement s'empresserait de répondre "aux énormes attentes" des Kényans et rendrait des comptes.
17 août 2022 à 21h21 par AFP
"Nous allons d'ici peu prendre des mesures pour diriger un gouvernement transparent, démocratique", et qui "rend des comptes", s'est engagé William Ruto, élu au terme d'un des scrutins les plus serrés depuis l'indépendance en 1963. Il s'exprimait à Nairobi à l'issue d'une réunion avec les membres de sa coalition, Kenya Kwanza. Pour l'instant, seuls les comités parlementaires peuvent demander aux ministres de s'expliquer, via un processus que certains jugent opaque. "Les attentes des Kényans sont énormes et par conséquent nous n'avons pas le luxe de perdre du temps", a-t-il poursuivi, deux jours après sa victoire, annoncée à 50,49% des voix contre 48,85% pour Raila Odinga, figure de l'opposition soutenue par le président sortant, et qui a rejeté mardi ces résultats. Selon M. Ruto, les Kényans ont envoyé "un message très clair aux dirigeants: ils veulent que nous fassions avancer le pays", touché par une flambée des prix des denrées alimentaires et de l'essence liée à la pandémie et amplifiée par la guerre en Ukraine. Il a aussi promis mercredi de veiller à ce que les fonctionnaires servent "tous les Kényans de manière égale", indépendamment de leur "tribu" ou de leurs "affiliations politiques". "Nous nous assurerons qu'aucune partie du Kenya ne sera laissée pour compte, (...) qu'aucune communauté du Kenya ne sera laissée de côté. Nous allons avancer ensemble, en tant que nation, parce que les Kényans sont déjà en train de nous dire que nous avons besoin de changement", a-t-il poursuivi. Au Kenya, qui compte officiellement 46 ethnies et où l'appartenance communautaire est traditionnellement importante sur l'échiquier politique, "il n'y aura pas de place pour l'exclusion", a-t-il insisté. Peu avant la proclamation des résultats lundi, quatre des sept membres de la Commission électorale (IEBC) s'en sont désolidarisés, rejetant dans un coup de théâtre un processus au "caractère opaque". Mercredi, le président de la commission Wafula Chebukati a rejeté ces allégations, affirmant que les membres de son personnel étaient "harcelés et intimidés". En conséquence, il a annoncé que l'IEBC reportait à nouveau plusieurs élections locales et gubernatoriales qui n'ont pas eu lieu le 9 août en raison de divers incidents. Mardi, M. Odinga avait qualifié de "parodie" le résultat de ce scrutin largement pacifique, considérant que les chiffres annoncés par l'IEBC étaient "nuls et non avenus". Raila Odinga, cinq fois candidat malheureux à la présidentielle, a déjà contesté les résultats en justice en 2013 et 2017. Mardi, il a indiqué qu'il poursuivrait "toutes les options légales" disponibles. Toute requête en contestation doit être déposée d'ici lundi auprès de la Cour suprême, qui dispose ensuite de 14 jours pour rendre sa décision. Si elle ordonne l'annulation, un nouveau scrutin doit être organisé dans les 60 jours. "En ce qui concerne l'élection, notre victoire a été reportée, mais elle est en train de revenir", a déclaré mercredi à la presse Martha Karua, colistière de M. Odinga. Dans ce pays, qui fait figure d'îlot de stabilité démocratique dans la région est-africaine, les résultats des élections ont tous été contestés depuis 2002, en justice ou dans la rue. En 2017, des dizaines de personnes avaient péri lors de manifestations réprimées par la police. Dix ans plus tôt, le contentieux post-électoral avait provoqué des affrontements interethniques et la mort de plus de 1.100 personnes. Comme le camp Odinga, le camp Ruto affirme avoir remporté la majorité des sièges au Parlement. Les résultats donnent pour l'instant les deux coalitions au coude-à-coude, mais le vote a été repoussé dans quatre circonscriptions.