L'émissaire américain Hammer en Ethiopie, secouée par d'"intenses combats" selon les rebelles
L'émissaire américain Mike Hammer est en Ethiopie dans le cadre d'une visite discrète destinée à tenter de mettre fin au conflit dans le nord du pays, théâtre de "très intenses combats", selon les rebelles de la région du Tigré.
6 septembre 2022 à 21h21 par AFP
Lundi, Getachew Reda, porte-parole des autorités du Tigré en conflit avec le gouvernement fédéral depuis novembre 2020, a affirmé que les troupes tigréennes résistaient aux offensives conjointes des armées éthiopiennes et érythréennes.
Washington avait annoncé ces derniers jours la venue de M. Hammer en Ethiopie pour y "réclamer une cessation immédiate des hostilités et le début de pourparlers de paix" après la reprise des combats le 24 août, qui a mis fin à cinq mois de trêve et dont les deux camps se rejettent la responsabilité.
Depuis cette annonce, Washington comme l'ambassade des Etats-Unis à Addis Abeba sont muets sur ce déplacement.
Le gouvernement éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed n'a pas non plus répondu à l'AFP sur la venue de M. Hammer, pas plus que sur les affirmations des rebelles.
Un porte-parole de l'ONU à New York a simplement indiqué à l'AFP que l'envoyée spéciale de l'ONU pour la Corne de l'Afrique Hanna Serwaa Tetteh avait "rencontré l'envoyé spécial américain à Addis" lundi.
Les appels de la communauté internationale à l'arrêt des combats au Tigré sont restés inaudibles et l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo, chargé par l'Union africaine de mener les efforts de paix en Ethiopie, est aux abonnés absents depuis la reprise des hostilités.
- "Offensive" et "contre-offensives" -
Au cours de son précédent déplacement en Ethiopie, fin juillet-début août, M. Hammer et son homologue de l'Union européenne Annette Weber qui l'accompagnait avaient déclenché l'ire des autorités éthiopiennes.
De retour du Tigré, les deux émissaires avaient notamment réclamé le rétablissement de l'électricité, des télécommunications et des banques dans la région, ainsi qu'un "accès humanitaire illimité".
Autant de "préconditions" posées par les rebelles, et refusées par Addis Abeba, aux pourparlers de paix envisagés mais jamais concrétisés.
Dans une conférence de presse diffusée en ligne lundi soir par le média officiel des rebelles Tigrai TV, Getachew Reda a fait état de "très intenses combats" dans plusieurs zones du Tigré ainsi qu'aux abords de la région: "Nos forces tiennent bons et ne se contentent pas de bloquer l'offensive ennemie, mais dans certains cas (...) lancent des contre-offensives".
Les journalistes n'ont pas accès au nord de l'Ethiopie, rendant impossible toute vérification indépendante, et les réseaux de télécommunications y fonctionnent de manière très aléatoire.
Initialement limités aux zones entourant la pointe sud-est du Tigré, les combats se sont désormais étendus le long de la frontière sud, ainsi que dans l'ouest et le nord de cette région, la plus septentrionale d'Ethiopie.
Les rebelles accusent les armées éthiopiennes et érythréenne d'avoir lancé une offensive conjointe depuis l'Erythrée, pays qui borde le nord du Tigré et a déjà prêté main-forte aux forces de l'Ethiopie lors de la première phase du conflit.
- Appel de la société civile -
Mardi, 35 organisations éthiopiennes de la société civile ont lancé un "appel urgent à la paix", le premier depuis la reprise des combats, dans un pays où l'expression à propos de ce conflit est largement sous contrôle.
Ces organisations ont déclaré que "des individus (...) se présentant comme étant du gouvernement" ont empêché dans la matinée la tenue d'une conférence de presse devant relayer cet appel, "en affirmant qu'elle n'était pas autorisée".
Le conflit au Tigré et ceux ravageant d'autres régions d'Ethiopie "n'ont pas seulement privé les citoyens de leurs droits essentiels - comme les droits à la vie, à la sécurité physique, à un gagne-pain et de se déplacer - ils ont atteint un point où l'existence même du pays est menacée", écrivent ces organisations.
"Si ces conflits ne sont pas résolus pacifiquement, nous craignons que notre pays n'entre dans une crise dont il ne pourra s'extirper", avertissent-elles.
Le bilan du conflit meurtrier au Tigré est inconnu.Mais il a provoqué le déplacement de plus de deux millions de personnes et plongé des centaines de milliers d'Ethiopiens dans des conditions proches de la famine, selon l'ONU.