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L'opposant tanzanien Tundu Lissu sur le chemin du retour après des années d'exil

Figure centrale de l'opposition tanzanienne en exil depuis plus de cinq ans, Tundu Lissu était en route mercredi pour revenir dans ce pays d'Afrique de l'Est, où le gouvernement a multiplié les signes d'ouverture ces derniers mois.

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25 janvier 2023 à 9h36 par AFP

Dar es Salaam (AFP)

Tundu Lissu, qui avait été touché de 16 balles en 2017 dans une tentative d'assassinat, et a passé ces dernières années en Belgique, est attendu en début d'après-midi en Tanzanie. 

Dans une vidéo diffusée sur Twitter, Tundu Lissu a affirmé depuis l'aéroport de Bruxelles qu'il se rendrait à un rassemblement de l'opposition organisé pour célébrer son retour et discuter de "nos problèmes en tant que Tanzaniens".

Ce retour intervient seulement trois semaines après la levée de l'interdiction des meetings politiques d'opposition par la présidente Samia Suluhu Hassan, revenant sur une décision de son autoritaire prédécesseur John Magufuli.

"Nous ne pouvons pas continuer à vivre indéfiniment en exil", avait déclaré Tundu Lissu dans un discours diffusé en direct sur YouTube le 13 janvier en annonçant son retour.

"Nous allons écrire un nouveau chapitre.(...) 2023 est une année importante dans l'histoire de notre pays", avait-il poursuivi.

Le parti de Tundu Lissu, Chadema, a tenu samedi son premier meeting depuis que l'interdiction des rassemblements politiques, décrétée en 2016, a été levée.

Le rassemblement a été mené par son dirigeant Freeman Mbowe à Mwanza (ouest), près du lac Victoria.

- "Nouveau départ" -

Critique virulent du parti au pouvoir Chama Cha Mapinduzi (CCM), Tundu Lissu était revenu brièvement en Tanzanie en 2020 pour concourir à l'élection présidentielle face au président John Magufuli, qu'il avait qualifié de "dictateur".

La victoire du sortant - avec un score officiel de 84% des voix - avait été contestée par l'opposition, qui avait appelé à manifester.

Après le scrutin, Tundu Lissu avait reçu des menaces de mort et s'était alors réfugié chez des diplomates étrangers avant de pouvoir quitter le pays.

Sous la présidence de M. Magufuli, surnommé le "Bulldozer", élu pour la première fois en 2015, les rassemblements politiques ont été interdits, les dirigeants politiques de l'opposition emprisonnés et les médias intimidés. 

Depuis sa mort soudaine en mars 2021, sa successeure Samia Suluhu Hassan est revenue sur plusieurs de ses politiques les plus controversées et a promis des réformes réclamées de longue date par l'opposition.

Mais l'optimisme suscité par ces premières décisions avait été quelque peu douché par l'arrestation en juillet 2021 de Freeman Mbowe et trois responsables de Chadema à Mwanza, où ils devaient participer à un rassemblement demandant des réformes constitutionnelles.

Après cette arrestation, l'opposition avait qualifié la présidente de "dictatrice".

Mais après sept mois de procès pour "terrorisme", les procureurs avaient finalement annoncé en mars 2022 abandonner les poursuites contre les quatre hommes, remis en liberté.

Quelques semaines plus tôt, Samia Suluhu Hassan avait rencontré Tundu Lissu, en marge d'un déplacement à Bruxelles, nourrissant les espoirs d'ouverture.

Cette semaine, le ministre tanzanien de l'Information a affirmé que le gouvernement prévoyait d'amender un projet de loi sur les médias qui, selon l'opposition et les ONG, restreint la liberté d'expression. 

"La présidente Samia Suluhu Hassan, par l'intermédiaire de son gouvernement et de son parti, a montré qu'elle était prête pour un nouveau voyage.Nous devons démontrer que nous sommes également prêts pour cela", avait déclaré Tundu Lissu dans son discours du 13 janvier. 

"Je rentre à la maison pour un nouveau départ de notre nation", avait-il ajouté.