La justice new-yorkaise restitue à l'Egypte 16 oeuvres d'art volées
La justice new-yorkaise a restitué mercredi à l'Egypte 16 oeuvres d'art pillées, dont cinq avaient été saisies au printemps au prestigieux Metropolitan Museum of Art, dans le cadre d'une enquête sur un trafic international impliquant l'ancien patron du Louvre.
8 septembre 2022 à 0h21 par AFP
A l'issue d'une cérémonie avec le consul général d'Egypte Howaida Essam Mohamed, le procureur de l'Etat de New York pour Manhattan, Alvin Bragg, a annoncé la restitution au "peuple égyptien" de 16 antiquités d'une valeur de "plus de quatre millions de dollars". La veille, lors d'une cérémonie similaire, 58 oeuvres d'art avaient été rendues à l'Italie. "La restitution d'aujourd'hui montre l'ampleur des réseaux de trafic d'antiquités", a dénoncé le procureur Bragg, disant refuser que "des marchands et trafiquants se servent de notre arrondissement (de Manhattan) pour tirer profit d'oeuvres d'art volées". Neuf des pièces étaient en possession de Michael Steinhardt, "l'un des plus grands collectionneurs d'art ancien au monde", a détaillé le procureur. L'octogénaire américain a été contraint en 2021 par la justice de restituer environ 180 antiquités volées ces dernières décennies pour une valeur totale de 70 millions de dollars. Cet accord lui a permis d'échapper à une inculpation mais il lui interdit à vie d'acquérir des oeuvres sur le marché licite de l'art. Cinq autres pièces avaient été saisies en mai et juin dans l'un des plus grands musées de la planète, le Metropolitan Museum of Art (Met), pour une valeur de 3,1 millions de dollars, dans le cadre d'une enquête entre New York et Paris pour laquelle l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez a été inculpé en France. Ces cinq antiquités issues du "réseau de trafic Dib-Simonian -- saisies au Met -- avaient été pillées sur des sites archéologiques en Egypte, passées en contrebande de l'Allemagne ou des Pays-Bas vers la France et vendues au Met par la société parisienne Pierre Bergé & Associés", selon le procureur Bragg. Le parquet de Manhattan a "partagé des informations avec des enquêteurs du monde entier, conduisant à l'inculpation ou à l'arrestation de neuf personnes en France, dont l'ancien directeur du Louvre Jean-Luc Martinez". M. Martinez, qui conteste les faits, est accusé par la justice française d'avoir fermé les yeux sur les faux certificats d'origine des pièces égyptiennes et a été mis en examen pour "complicité d'escroquerie en bande organisée et blanchiment par facilitation mensongère de l'origine de biens provenant d'un crime ou d'un délit". L'enquête parisienne cherche à établir si, parmi des centaines de pièces pillées pendant le Printemps arabe en 2011, certaines ont été acquises par le Louvre Abou Dhabi.