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Libye: fortes tensions entre dirigeants du pouvoir de Tripoli

Le Haut Conseil d'Etat libyen (HCE), instance faisant office de Sénat, a accusé lundi le Premier ministre Abdelhamid Dbeibah de l'empêcher de se réunir, suscitant des tensions entre dirigeants du camp de l'Ouest dans ce pays en proie au chaos et aux divisions.

AFRICA RADIO

14 novembre 2022 à 18h06 par AFP

Des véhicules blindés d'une force armée sous l'autorité du gouvernement dirigé par M. Dbeibah ont bloqué lundi l'entrée d'une salle de conférence près d'un grand hôtel de la capitale, interdisant l'accès aux membres du HCE, selon des images diffusées par les médias locaux et sur les réseaux sociaux. "Nous étions censés voter aujourd'hui sur l'ensemble des articles du cadre constitutionnel" qui doit ouvrir la voie à la tenue des élections, qui étaient prévues en décembre 2021 avant d'être reportées sine die, a déploré Khaled el-Mechri, président du HCE, dans un enregistrement diffusé sur Facebook. La réunion devait également évoquer "l'unification du pouvoir exécutif", donc le sort du gouvernement de M. Dbeibah, dont la légitimité est contestée notamment par le camp de l'Est de l'homme fort Khalifa Haftar soutenu par le Parlement. "Aucun hôtel n'a accepté de nous louer une salle de conférence", a dit M. el-Mechri accusant le Premier ministre et son entourage d'être derrière ce refus. Selon M. el-Mechri, c'est "la première fois depuis la révolution du 17 février (2011) qu'un chef de gouvernement veuille empêcher une institution souveraine de faire son travail". La Libye est plongée dans une crise politique majeure depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011, minée par des divisions entre l'Est et l'Ouest du pays. Depuis mars, deux gouvernements se disputent le pouvoir en Libye, l'un installé à Tripoli (ouest) et reconnu par l'ONU, l'autre soutenu par le Parlement et le camp du maréchal Haftar à l'Est. A la suite de la brouille de lundi, l'ambassade des Etats-Unis a appelé les dirigeants libyens à "résoudre leurs différends politiques par le dialogue et le compromis" pour parvenir à des élections "crédibles, transparentes et inclusives". La "menace" de recourir à la force est "déstabilisante, sape les efforts de d'unité nationale" et ne peut "résoudre durablement" les divergences politiques, a-t-elle écrit sur Twitter. Ayant annoncé son intention de porter la question devant la justice, M. el-Mechri a saisi le Procureur général auquel il a remis en main propre une plainte contre le chef du gouvernement.