Maroc: prison ferme pour une blogueuse accusée d'offense à l'islam (famille à l'AFP)

Une blogueuse marocaine a été condamnée lundi à deux ans de prison ferme pour "atteinte à la religion musulmane" après avoir posté des publications sur Facebook jugées offensantes envers l'islam, a annoncé mardi son frère à l'AFP.

AFRICA RADIO

16 août 2022 à 21h36 par AFP

Fatema Karim, 39 ans, avait été interrogée par la police le 15 juillet et était en détention depuis, a précisé Bouazza Karim. Elle a été jugée pour avoir commenté sur un ton satirique, en langue arabe sur sa page Facebook, des versets du Coran et des hadiths du prophète Mahomet, considérés comme sacrés dans la tradition musulmane. La blogueuse, qui a l'intention d'interjeter appel, a excipé de son droit à la liberté d'expression, garanti par la Constitution marocaine, devant le juge, a ajouté son frère. Elle a également présenté publiquement des excuses à "quiconque s'est senti offensé" par ses publications, assurant n'avoir jamais eu l'intention de porter atteinte à l'islam, religion d'Etat au Maroc. La peine de prison ferme a été prononcée lundi par le tribunal de première instance d'Oued Zem, à 150 km de Casablanca. "Ce verdict est très sévère. Il nous renvoie des années en arrière", a regretté Bouazza Karim. Les poursuites ont été déclenchées par le parquet. L'article 267-5 du Code pénal marocain, aux termes duquel Fatima Karim a été condamnée, punit de six mois à deux ans de prison ferme "quiconque porte atteinte à la religion musulmane". La peine est susceptible d'être portée à cinq ans d'emprisonnement si l'infraction est commise en public -- "y compris par voie électronique". Le même article 267 punit sévèrement toute "atteinte au régime monarchique" et toute "incitation à porter atteinte à l'intégrité territoriale" du royaume. Les défenseurs des droits humains dénoncent ce texte de loi qui entrave la liberté d'expression et dont la formulation "ne spécifie pas concrètement les faits qui pourraient constituer une atteinte". En juin 2021, une Italo-marocaine avait été condamnée à trois ans et demi de prison ferme par la justice marocaine pour "atteinte à la religion musulmane" après avoir publié sur Facebook des phrases satiriques imitant des versets du Coran. La jeune femme avait été libérée peu après, sa peine ayant été réduite en appel à deux mois de prison avec sursis, à la suite d'une campagne de protestation de défenseurs des droits humains.