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Mis en cause par les révélations sur l'origine douteuse de la fortune d'Isabel dos Santos, fille de l'ex-président angolais, les autorités de Lisbonne et les associés portugais de la femme la plus riche d'Afrique ont réagi avec inquiétude ou embarras.

"Le minist&egrave;re public ne manquera pas d'analyser toute information devenue publique", a assur&eacute; mardi le parquet portugais, en r&eacute;action &agrave; une vaste enqu&ecirc;te journalistique publi&eacute;e dimanche accusant Mme dos Santos d'avoir "siphonn&eacute; les caisses" de son pays avec l'aide de dizaines de soci&eacute;t&eacute;s, y compris au Portugal, ancienne puissance coloniale.
"Le gouvernement n'a pas de commentaire &agrave; faire", a d&eacute;clar&eacute; lundi le ministre portugais des Affaires &eacute;trang&egrave;res, Augusto Santos Silva.D'habitude plus &agrave; l'aise devant les cameras, il s'est limit&eacute; &agrave; r&eacute;affirmer l'ind&eacute;pendance des autorit&eacute;s judiciaires et des r&eacute;gulateurs financiers.
"Nous attendons sereinement que les r&eacute;gulateurs fassent leur travail", a insist&eacute; le secr&eacute;taire d'Etat aux Finances, Ricardo Mourinho F&eacute;lix.
Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a exploit&eacute; une fuite de 715.000 documents pour r&eacute;v&eacute;ler "comment une arm&eacute;e de soci&eacute;t&eacute;s financi&egrave;res occidentales, d'avocats, de comptables, de fonctionnaires et de soci&eacute;t&eacute;s de gestion ont aid&eacute;" Isabel dos Santos "&agrave; cacher des avoirs aux autorit&eacute;s fiscales".
Ces "Luanda Leaks", du nom de la capitale angolaise, ont vu le jour gr&acirc;ce &agrave; une fuite de donn&eacute;es orchestr&eacute;e depuis sa soci&eacute;t&eacute; de gestion financi&egrave;re bas&eacute;e au Portugal, apr&egrave;s que l'actuel pr&eacute;sident angolais Joao Louren&ccedil;o s'en soit pris au clan de son pr&eacute;d&eacute;cesseur, Jose Eduardo dos Santos, au nom du combat contre la corruption.

- Complicit&eacute; ? -

Figure de proue des investissements angolais r&eacute;alis&eacute;s au Portugal, qui se sont acc&eacute;l&eacute;r&eacute;s &agrave; la faveur de la crise qui a frapp&eacute; ce pays fragile de la zone euro en 2011, la femme d'affaires de 46 ans et son entourage poss&egrave;dent des participations importantes dans au moins 17 soci&eacute;t&eacute;s portugaises.
"Le pillage du peuple angolais a &eacute;t&eacute; men&eacute; par Isabel dos Santos et sa famille avec la complicit&eacute; des &eacute;lites politiques et &eacute;conomiques portugaises", a d&eacute;nonc&eacute; lundi la dirigeante du Bloc de gauche (gauche radicale), Catarina Martins.
"Le Portugal et de nombreux Portugais sont pr&eacute;sent&eacute;s &agrave; travers le monde comme les complices, par action ou omission, de la cleptocratie angolaise", a regrett&eacute; l'ex-eurod&eacute;put&eacute;e socialiste Ana Gomes.
Isabel dos Santos contr&ocirc;le notamment l'op&eacute;rateur de t&eacute;l&eacute;communications portugais NOS en partenariat avec le groupe Sonae, qui a dit suivre les retomb&eacute;es des "Luanda Leaks" avec "attention et pr&eacute;occupation".
Interrog&eacute; par l'AFP, l'important groupe p&eacute;trolier Galp Energia s'est lui refus&eacute; &agrave; tout commentaire.
La banque Eurobic, qui aurait permis &agrave; Mme dos Santos de d&eacute;placer des fonds d'origine douteuse, a pour sa part d&eacute;cid&eacute; de mettre fin &agrave; toute "relation commerciale" avec sa principale actionnaire.Dans un communiqu&eacute;, l'institution financi&egrave;re a annonc&eacute; la r&eacute;alisation d'un audit dont les conclusions seront transmises &agrave; la Banque de Portugal.

- Coop&eacute;rer avec Luanda -

La banque centrale a pour sa part assur&eacute; qu'elle "tirera les cons&eacute;quences qui s'imposent", en fonction des informations qui lui parviendront.
"Au cours des derni&egrave;res ann&eacute;es, la Banque du Portugal a accompagn&eacute; de tr&egrave;s pr&egrave;s l'activit&eacute; d'Eurobic", a ajout&eacute; le r&eacute;gulateur pour se d&eacute;fendre des critiques qui, depuis plusieurs ann&eacute;es, s'interrogent sur l'origine de la fortune de celle que les Angolais appelaient "la princesse".
En d&eacute;cembre, la justice angolaise avait d&eacute;j&agrave; frapp&eacute; un grand coup en gelant les avoirs de la milliardaire, soup&ccedil;onn&eacute;e d'avoir d&eacute;tourn&eacute; plus d'un milliard de dollars des comptes des entreprises publiques Sonangol (p&eacute;trole) et Endiama (diamant) pour nourrir ses propres affaires.
Apr&egrave;s le d&eacute;p&ocirc;t d'une plainte pour blanchiment d'argent par Ana Gomes, la justice portugaise a confirm&eacute; d&eacute;but janvier avoir elle aussi ouvert une enqu&ecirc;te sur la femme d'affaires angolaise.
Selon le quotidien Publico, une autre enqu&ecirc;te &eacute;tait d&eacute;j&agrave; en cours depuis 2011 sans que personne n'ait &eacute;t&eacute; mis en examen.
Lorsque M. Louren&ccedil;o s'&eacute;tait rendu au Portugal en novembre 2018, pour normaliser les relations diplomatiques apr&egrave;s une p&eacute;riode de crispation, Lisbonne lui avait promis de l'aider &agrave; r&eacute;cup&eacute;rer les capitaux issus de la corruption qui auraient &eacute;t&eacute; plac&eacute;s dans le pays.

Au Portugal, les "Luanda Leaks" suscitent inquiétude et embarras

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