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"Rentrez chez vous, le coronavirus n'est pas une blague!" Mégaphone à la main, la police de Lagos, ville tentaculaire de 20 millions d'habitants, tentait comme elle le pouvait dimanche d'empêcher les fidèles de se rendre dans les églises, d'habitude bondées au Nigeria.

Les rassemblements de plus de 50 personnes sont d&eacute;sormais interdits et des patrouilles arm&eacute;es sillonnent les rues de Lagos pour faire respecter les consignes.Mais la t&acirc;che est hercul&eacute;enne dans le pays le plus peupl&eacute; d'Afrique qui enregistrait dimanche officiellement&nbsp;27 cas de coronavirus, et&nbsp;o&ugrave; les rassemblements religieux, chr&eacute;tiens ou musulmans, attirent souvent des dizaines de milliers de personnes.
Devant les grilles cadenass&eacute;es de la Celestial church of Christ de Makoko, un bidonville insalubre et flottant sur la lagune, une foule compacte s'&eacute;tait rassembl&eacute;e en d&eacute;but de matin&eacute;e et la tension montait alors que les policiers en uniformes distribuaient des tracts avec des petits dessins d&eacute;crivant les sympt&ocirc;mes du coronavirus.
"Personne ne nous a dit que les &eacute;glises &eacute;taient ferm&eacute;es, nous ne savions pas!" crie Judith, une jeune femme endimanch&eacute;e dans une robe sertie de faux diamants et coiff&eacute;e d'une charlotte en satin blanc.&nbsp;
"Nous voulons prier, le corona n'est pas ici, c'est les blancs qui nous l'ont amen&eacute;", affirme-telle &agrave; l'AFP tandis que le pasteur tente malgr&eacute; tout de disperser ses fid&egrave;les.
Florence Uche, une fid&egrave;le de l'&eacute;glise m&eacute;thodiste de la Trinit&eacute; dans le quartier Lagos island, n'aurait manqu&eacute; la messe pour "rien au monde", m&ecirc;me si elle n'"embrasse plus" ses coreligionnaires et accepte de se faire prendre la temp&eacute;rature &agrave; l'entr&eacute;e.
"Dieu me l'a dit il y a trois jours et je diffuse son message: l'esprit du coronavirus est mort.Nous allons bient&ocirc;t assister &agrave; ses fun&eacute;railles", dit-elle avec d&eacute;votion tout en brandissant son petit flacon de gel hydroalcoolique.
A environ 30 km de Lagos, dans l'Etat d'Ogun, des bus entiers ont quant &agrave; eux achemin&eacute; des fid&egrave;les par milliers jusqu'&agrave; l'une des plus grandes &eacute;glises pentec&ocirc;tistes du Nigeria, Living Faith World Outreach Ministries, avec une capacit&eacute; de 50.000 places.
"Nos march&eacute;s sont ouverts donc il n'y a aucun moyen de freiner cela, seul Dieu peut sauver l'Afrique de cette pand&eacute;mie", tonnait &agrave; l'int&eacute;rieur le r&eacute;v&eacute;rend-pasteur David Oyedepo, applaudi par un auditoire en transes.
Assurant que le rem&egrave;de serait trouv&eacute; d'ici une semaine, il a demand&eacute; aux chr&eacute;tiens de ne pas "se laisser distraire" d'ici l&agrave;: "Les fl&eacute;aux ne peuvent pas nous arr&ecirc;ter.Le coronavirus ne peut pas arr&ecirc;ter les enfants de Dieu".&nbsp;
Autre leader religieux &agrave; avoir d&eacute;fi&eacute; le gouvernement, l'&eacute;mir de Daura, dans le nord majoritairement musulman du Nigeria, a m&ecirc;me organis&eacute; une "pri&egrave;re sp&eacute;ciale contre le coronavirus" samedi, rassemblant quelque 5.000 personnes dans son palais, selon les m&eacute;dias locaux.

- 'On comprend' -

Dans la capitale de la R&eacute;publique d&eacute;mocratique du Congo, autre pays tr&egrave;s religieux et dens&eacute;ment peupl&eacute;, la grande majorit&eacute; des lieux de culte sont en revanche rest&eacute;s ferm&eacute;s dimanche matin, &agrave; la suite de l'interdiction faite par le chef de l'Etat F&eacute;lix Tshisekedi.
Le pays de 80 &agrave; 90 millions d'habitants dont une grande majorit&eacute; de chr&eacute;tiens, a jusque-l&agrave;, enregistr&eacute; un total de 30 patients infect&eacute;s, y compris un premier d&eacute;c&egrave;s vendredi.Plusieurs m&eacute;dias confessionnels ont retransmis les cultes en direct &agrave; la radio ou sur Internet.
Du "jamais vu" de m&eacute;moire de Congolais, selon le p&egrave;re Michel, cur&eacute; de la paroisse catholique Notre-Dame de Fatima &agrave; Kinshasa: "Nous avons ferm&eacute; l'&eacute;glise.Depuis que nous sommes n&eacute;s, on ne se souvient pas de telles mesures.C'est pour notre bien, pour notre sant&eacute;".
"Ca choque un peu, dimanche c'est une journ&eacute;e consacr&eacute;e &agrave; J&eacute;sus.Mais on comprend que ce sont des mesures de s&eacute;curit&eacute;", commente D&eacute;borah, lyc&eacute;enne de 16 ans, qui s&rsquo;est repli&eacute;e avec son amie Naomie, 18 ans, devant une statue de la vierge Marie &agrave; c&ocirc;t&eacute; de l'&eacute;glise ferm&eacute;e.
Un peu plus loin, la grande &eacute;glise protestante dite du centenaire est ferm&eacute;e &eacute;galement.Un homme prie seul sous un arbre.
D&egrave;s jeudi, les responsables confessionnels avaient invit&eacute; les fid&egrave;les "&agrave; consid&eacute;rer la nouvelle &eacute;pid&eacute;mie aussi dangereuse que celle d'Ebola", en les invitant "&agrave; suivre scrupuleusement les mesures prescrites par le gouvernement".
M&ecirc;me les &eacute;glises &eacute;vang&eacute;liques dites du r&eacute;veil ont d&ucirc; pour la plupart mettre en sommeil leur tr&egrave;s lucrative activit&eacute;, qui va de pair avec le pr&eacute;l&egrave;vement de la d&icirc;me et des offrandes.
La grande &eacute;glise &eacute;vang&eacute;lique Philadelphie de Kinshasa a post&eacute; sur YouTube son culte dominical, avec cette conclusion: "Bien aim&eacute;s, nous vous rappelons que les donations peuvent &ecirc;tre faites par les canaux &eacute;lectroniques habituels", via des comptes bancaires, des paiements par t&eacute;l&eacute;phonie mobile, ou "notre application mobile"
burs-cl/jpc

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