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Mali: sous pression, la junte cherche la voie de l'après-putsch

Les militaires qui dirigent le Mali ont ouvert jeudi une concertation cruciale avec des centaines d'acteurs nationaux pour tenter de baliser la voie de l'après-putsch, sous la double pression de forces intérieures et d'une communauté internationale aux vues divergentes.

Les attentes &eacute;lev&eacute;es plac&eacute;es dans ce rendez-vous se sont manifest&eacute;es quand un certain nombre de Maliens ont tent&eacute; de forcer les portes du Centre international de conf&eacute;rence de Bamako.Ils comptaient prendre part &agrave; des &eacute;changes qui auraient d&ucirc; associer le plus grand nombre selon eux, et non pas seulement les 500 responsables de la junte, personnalit&eacute;s politiques, syndicalistes et membres de la soci&eacute;t&eacute; civile rigoureusement filtr&eacute;s &agrave; l'entr&eacute;e.
Les policiers ont tir&eacute; des gaz lacrymog&egrave;nes pour disperser les jeunes qui cherchaient &agrave; entrer sans le badge requis.
"Nous venons participer aux travaux, on ne peut nous exclure", a rench&eacute;ri Awa Diallo, &eacute;tudiante de 22 ans.
Dans une rare et br&egrave;ve prise de parole &agrave; l'ouverture de ces trois "journ&eacute;es de concertation nationale", le chef de la junte, l'habituellement taiseux colonel Assimi Go&iuml;ta, a restitu&eacute; la gravit&eacute; de la p&eacute;riode: "Nous sommes &agrave; un tournant important de notre histoire, nous devons laisser nos diff&eacute;rends de c&ocirc;t&eacute; et saisir cette opportunit&eacute;", a-t-il lanc&eacute;, en tenue de camouflage et b&eacute;ret vert sur la t&ecirc;te.
De jeudi &agrave; samedi, il s'agit de jeter "les bases des r&eacute;formes politiques et institutionnelles n&eacute;cessaires &agrave; la refondation de notre nation", et, dans l'imm&eacute;diat, de tracer "l'architecture" de la transition devant ramener les civils au pouvoir, a-t-il jug&eacute; du haut d'une tribune largement occup&eacute;e par des hommes en uniforme.
Il n'a rien dit sur les questions essentielles qui divisent les Maliens: combien de temps cette transition durera-t-elle, quel y sera le r&ocirc;le de l'arm&eacute;e.La junte a la "volont&eacute; de participer", a-t-il seulement d&eacute;clar&eacute;.

- L'ex-r&eacute;bellion boycotte -

Imm&eacute;diatement apr&egrave;s avoir renvers&eacute; le pr&eacute;sident Ibrahim Boubacar Ke&iuml;ta, les militaires ont promis de rendre les commandes aux civils &agrave; l'issue d'une transition d'une dur&eacute;e, d'une nature (civile ou militaire) et d'une organisation &agrave; d&eacute;terminer.
Un mois apr&egrave;s le quatri&egrave;me coup d'Etat depuis l'ind&eacute;pendance en 1960, et malgr&eacute; une premi&egrave;re s&eacute;ance de consultations samedi, la transition peine &agrave; se dessiner.
Au contraire, apr&egrave;s l'accueil plut&ocirc;t favorable fait aux putschistes par des Maliens exasp&eacute;r&eacute;s de voir leur vaste pays sombrer sous l'effet de la guerre contre les jihadistes, des violences intercommunautaires, du marasme &eacute;conomique et de l'impuissance &eacute;tatique, les dissensions se font jour entre les parties &agrave; la crise.
Les colonels ont la t&acirc;che ardue de faire converger leur vision et leur agenda avec ceux du Mouvement du 5-Juin (M5), qui a men&eacute; pendant des mois la contestation contre l'ancien pr&eacute;sident, ou ceux des anciens groupes arm&eacute;s rebelles.
Comme samedi, l'ex-r&eacute;bellion &agrave; dominante touareg, important partenaire de l'effort de stabilisation du pays, a d&eacute;cid&eacute; de boycotter ces journ&eacute;es.
La junte a initialement parl&eacute; d'une transition de trois ans (correspondant au reste du mandat pr&eacute;sidentiel entam&eacute;) sous la conduite d'un militaire.Pour nombre de ses interlocuteurs, une direction de la transition autre que civile est inacceptable.Mais ces interlocuteurs, &agrave; commencer par le M5, passent eux-m&ecirc;mes pour &ecirc;tre divis&eacute;s.

- Pressions des voisins -

Les partisans d'une transition longue confi&eacute;e aux militaires arguent du temps et de l'autorit&eacute; n&eacute;cessaires pour cr&eacute;er les conditions d'un redressement dans un pays au bord du gouffre.Les autres invoquent au contraire le risque d'une instabilit&eacute; encore accrue dans un Sahel d&eacute;j&agrave; gagn&eacute; par l'ins&eacute;curit&eacute; jihadiste, et le mauvais exemple r&eacute;gional donn&eacute; par une junte maintenue durablement au pouvoir.
Trois ou quatre soldats maliens, selon les sources, ont encore &eacute;t&eacute; tu&eacute;s dans une attaque mercredi, et cinq sont port&eacute;s disparus.
La junte est aussi sous la pression de la communaut&eacute; internationale.Les voisins du Mali au sein de la Communaut&eacute; des Etats ouest-africains (C&eacute;d&eacute;ao) r&eacute;clament un retour des civils au bout de 12 mois maximum.La France, principal alli&eacute; du Mali contre les jihadistes avec plus de 5.000 hommes d&eacute;ploy&eacute;s au Sahel, pousse aussi &agrave; aller vite.
La C&eacute;d&eacute;ao impose un embargo sur les flux commerciaux et financiers avec le Mali, dont les effets inqui&egrave;tent un pays pauvre et enclav&eacute;.Lundi, elle a donn&eacute; jusqu'au 15 septembre aux militaires pour d&eacute;signer un pr&eacute;sident et un Premier ministre civils de la transition, ne laissant donc que quelques jours &agrave; la junte pour surmonter les divergences maliennes.

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