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Nigeria: un report de six semaines des élections à l'examen

Abuja (AFP) Les élections présidentielle et parlementaire au Nigeria auront-elles bien lieu le 14 février ? La question était samedi au coeur d'une réunion cruciale de la commission électorale, qui tardait à rendre sa décision.Selon plusieurs parlementaires samedi, le conseiller national à la sécurité du Nigeria, Sambo Dasuki, a demandé à la Commission électorale nationale indépendante (INEC) un report des élections "de six semaines au moins".Le président de l'INEC, Attahiru Jega, devait se prononcer sur la question à Abuja, la capitale fédérale, lors d'une conférence de presse dans un premier temps annoncée pour 17H00 locales (GMT+1), puis repoussée à 21H00 et qui se faisait toujours attendre vers 22H30.Il était en discussion à huis clos avec les membres de l'organe électoral, a-t-on indiqué.Jusqu'à samedi, l'INEC, sous forte pression, a résisté aux demandes de report des scrutins qui se sont multipliées ces dernières semaines dans le pays, y compris au sein d'instances officielles, et elle avait assuré à plusieurs reprises être prête pour l'échéance du 14 février.Un des motifs invoqués par M. Dasuki, selon les parlementaires, est que les forces de défense et de sécurité sont engagées dans des opérations délicates dans le nord-est du pays, en proie depuis six ans à des attaques du groupe islamiste armé Boko Haram et ne sont pas en mesure de sécuriser le vote s'il était maintenu au 14 février.Au total 14 candidats sont en lice pour la présidentielle qui, selon plusieurs analystes, devrait se jouer entre deux favoris: le chef de l'Etat sortant Goodluck Jonathan, 57 ans, sous les couleurs du Parti démocratique populaire (PDP) et l'ex-général Muhammadu Buhari, 72 ans, en compétition pour le Congrès progressiste (ACP), principale formation de l'opposition.Le secrétaire national du PDP, Wale Oladipo, a assuré que sa formation se rangerait à la décision de la commission électorale.Mais le parlementaire Bashir Yusuf, du Mouvement démocratique du peuple (PDM, opposition), a indiqué que plusieurs formations ayant participé samedi à une réunion avec la commission électorale, y compris l'APC, s'étaient déclarées contre un report.Les détracteurs de M. Jonathan l'accusent de ne pas avoir su juguler les violences de Boko Haram, ni endiguer la corruption endémique de la première économie du continent.Mais il bénéficie toujours d'appuis et de fonds pouvant assurer sa réélection, selon des analystes.M. Buhari, qui a dirigé le Nigeria d'une main de fer entre 1983 et 1985 à la tête d'une junte militaire, pourrait cependant profiter du ralliement de mécontents du régime actuel. - Crainte de violences - Des analystes craignent qu'une décision de report ne dégénère en violences politiques dans le pays où en 2011, des troubles électoraux ont fait un millier de morts.Samedi à Abuja, des manifestants hostiles à un changement de calendrier électoral ont défilé dans les rues, brandissant des pancartes où l'on pouvait lire: "Dites non au report des élections", tandis que dans un communiqué commun, plusieurs organisations de la société civile ont invité l'INEC à "résister à la pression militaire" et à refuser un report.Outre la crainte de la réédition de violences, l'organisation du scrutin cette année est surtout mise à mal par les exactions de Boko Haram dans l'extrême nord-est du pays.Ces derniers mois, les islamistes armés ont mis en déroute l'armée et pris le contrôle de vastes territoires dans le nord-est, rendant impossible le vote de plusieurs centaines de milliers d'électeurs dans trois Etats de la région.Beaucoup craignent que Boko Haram, dont l'insurrection et sa répression ont fait depuis 2009 plus de 13.000 morts et 1,5 million de déplacés, ne profite des rassemblements d'électeurs pour commettre de nouveaux massacres.Ryan Cummings, responsable Afrique du cabinet de consultants en sécurité Red24, estime qu'il serait surprenant de reporter les scrutins en raison de l'insurrection islamiste, qui ne serait pas résolue en six semaines.Actuellement, le groupe islamiste "revendique le contrôle (partiel ou total) de 20 des 27 municipalités de l'Etat de Borno, et de deux dans chacun des Etats de Yobe et de l'Adamawa.(...) Déloger Boko Haram de toutes ces zones en l'espace de six semaines serait un exploit sans précédent", estime M. Cummings.Pour la présidentielle, si aucun candidat n'est élu au premier tour, quelle qu'en soit la date, un second tour devra être organisé une semaine plus tard - un autre casse-tête logistique pour la commission électorale et une source non négligeable de tensions entre partisans de candidats rivaux.

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