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La justice administrative française a autorisé vendredi un chercheur à consulter les archives du défunt président François Mitterrand sur le Rwanda, au c-ur de la longue controverse sur le rôle de la France pendant le génocide de 1994.

Cette d&eacute;cision cl&ocirc;t cinq ann&eacute;es de proc&eacute;dure et constitue une "tr&egrave;s tr&egrave;s bonne nouvelle", s'est f&eacute;licit&eacute; le chercheur Fran&ccedil;ois Graner, auteur de plusieurs livres sur la France au Rwanda et proche de l'association Survie engag&eacute;e contre la "Fran&ccedil;afrique".
Le Conseil d'Etat, plus haute juridiction administrative en France, a estim&eacute; que Fran&ccedil;ois Graner avait "un int&eacute;r&ecirc;t l&eacute;gitime &agrave; consulter ces archives pour nourrir ses recherches historiques et &eacute;clairer ainsi le d&eacute;bat sur une question d'int&eacute;r&ecirc;t public".
Les archives concern&eacute;es comprennent notamment des notes r&eacute;dig&eacute;es par les conseillers du Pr&eacute;sident et des comptes-rendus de r&eacute;unions du gouvernement.Elles sont couvertes par un protocole qui ne pr&eacute;voit leur ouverture g&eacute;n&eacute;rale au public que 60 ans apr&egrave;s sa signature, en 2055.
Mais "la protection des secrets de l&rsquo;&Eacute;tat doit &ecirc;tre mise en balance avec l'int&eacute;r&ecirc;t d'informer le public sur ces &eacute;v&egrave;nements historiques", a soulign&eacute; le Conseil d'Etat.

- "Victoire pour l'Histoire" -

En cons&eacute;quence, la justice administrative a enjoint au minist&egrave;re fran&ccedil;ais de la Culture, qui s'&eacute;tait oppos&eacute; &agrave; la demande du chercheur, de lui ouvrir dans les trois mois l'acc&egrave;s aux archives r&eacute;clam&eacute;es.
"On n'attend pas de scoop de ces archives, dont certaines sont d&eacute;j&agrave; connues", a soulign&eacute; M. Graner &agrave; l'AFP."Mais on veut pouvoir faire un travail de fond, s&eacute;rieux, serein, pour comprendre ce que chacun savait &agrave; ce moment" de l'Histoire.
Les zones d'ombres sur le r&ocirc;le de Paris avant, pendant et apr&egrave;s le g&eacute;nocide des Tutsis au Rwanda - qui fit selon l'ONU au moins 800.000 morts d'avril &agrave; juillet 1994 - restent une source r&eacute;currente de pol&eacute;miques en France, accus&eacute;e d'avoir &eacute;t&eacute; complice ou d'avoir soutenu, avant et pendant le g&eacute;nocide, le pouvoir extr&eacute;miste hutu.
L'ancien pr&eacute;sident socialiste Fran&ccedil;ois Hollande avait annonc&eacute; en 2015 la d&eacute;classification des archives du fonds Fran&ccedil;ois Mitterrand, mais leur acc&egrave;s est rest&eacute; tr&egrave;s limit&eacute;, et la mandataire du fonds, Dominique Bertinotti, a souvent &eacute;t&eacute; accus&eacute;e de verrouiller ces archives.
L'actuel chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a annonc&eacute; en 2019 l'ouverture des archives fran&ccedil;aises concernant le Rwanda entre 1990 et 1994, mais &agrave; une commission d'historiens ad hoc.
La d&eacute;cision du Conseil d'Etat "est une victoire pour le droit mais aussi pour l'Histoire", s'est f&eacute;licit&eacute; l'avocat de M. Graner, Me Patrice Spinosi."Elle vaut pour le Rwanda mais plus g&eacute;n&eacute;ralement pour toutes les archives pr&eacute;sidentielles", a-t-il soulign&eacute; dans une d&eacute;claration &agrave; l'AFP, estimant que "le droit &agrave; l'information l'avait emport&eacute;".
"D&eacute;sormais, les chercheurs, comme M. Graner, vont pouvoir avoir acc&egrave;s aux archives pr&eacute;sidentielles du pr&eacute;sident Mitterrand pour faire toute la lumi&egrave;re sur le r&ocirc;le de la France au Rwanda en 1994 et 1995", a-t-il ajout&eacute;.
Parmi les points les plus disput&eacute;s figurent l'ampleur de l'assistance militaire apport&eacute;e par la France au r&eacute;gime du pr&eacute;sident hutu rwandais Juv&eacute;nal Habyarimana de 1990 &agrave; 1994 et les circonstances de l'attentat qui lui co&ucirc;ta la vie le 6 avril 1994, &eacute;l&eacute;ment d&eacute;clencheur du g&eacute;nocide.

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