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Dakar a été vendredi le théâtre de scènes de guérilla urbaine opposant les forces de l'ordre à des centaines de jeunes, deux jours après l'arrestation de l'opposant Ousmane Sonko, dont la garde à vue a été prolongée.

Dans le quartier populaire de la M&eacute;dina, au coeur de la capitale s&eacute;n&eacute;galaise &agrave; l'arr&ecirc;t, o&ugrave; retentissaient les grenades assourdissantes, des groupes de jeunes harcelaient &agrave; coups de cailloux de tr&egrave;s nombreux policiers anti-&eacute;meute, avant de s'enfuir, ont constat&eacute; des journalistes de l'AFP.
L'arrestation de M. Sonko, troisi&egrave;me de la pr&eacute;sidentielle de 2019 et pressenti comme un des principaux concurrents de celle de 2024, a aussi d&eacute;clench&eacute; depuis mercredi des saccages et des pillages de magasins, en particulier sous enseigne fran&ccedil;aise, dans la capitale et diff&eacute;rentes villes du pays pourtant r&eacute;put&eacute; comme un &icirc;lot de stabilit&eacute; en Afrique de l'Ouest.
Cette arrestation a non seulement provoqu&eacute; la col&egrave;re de ses partisans, mais aussi, disent de nombreux S&eacute;n&eacute;galais, port&eacute; &agrave; son comble l'exasp&eacute;ration accumul&eacute;e dans ce pays pauvre face &agrave; la duret&eacute; de la vie depuis au moins un an et la pand&eacute;mie de Covid-19.
Lors d'une charge sur la grande avenue Blaise Diagne, des dizaines au moins de jeunes scandant "Lib&eacute;rez Sonko" ont r&eacute;ussi &agrave; faire reculer provisoirement les policiers, malgr&eacute; les tirs nourris de grenades lacrymog&egrave;nes.Le sol &eacute;tait jonch&eacute; de pierres, de cartouches de grenades et de pneus incendi&eacute;s.
A Mbao, dans la grande banlieue, des pillards ont aussi &eacute;t&eacute; aper&ccedil;us par un journaliste de l'AFP sortant les bras charg&eacute;s de marchandises d'un supermarch&eacute; Auchan, dont au moins 14 magasins ont &eacute;t&eacute; attaqu&eacute;s et 10 "pill&eacute;s", selon la direction du groupe fran&ccedil;ais.
Un important dispositif de police a &eacute;t&eacute; mis en place dans le quartier du Plateau, centre n&eacute;vralgique du pouvoir o&ugrave; la circulation &eacute;tait quasi nulle.
Les manifestations ont fait au moins un mort jeudi dans le sud du pays.Plusieurs autres d&eacute;c&egrave;s ont &eacute;t&eacute; rapport&eacute;s, sans &ecirc;tre confirm&eacute;s formellement.
Le repr&eacute;sentant de l'ONU en Afrique de l'Ouest, Mohamed Ibn Chambas, a lanc&eacute; un appel au "calme et &agrave; la retenue".

- "Liquidation politique" -

Jeudi soir, des manifestants ont attaqu&eacute; les locaux du quotidien le Soleil et de la radio RFM, jug&eacute;s proches du pouvoir.Les &eacute;coles fran&ccedil;aises dans le pays ont ferm&eacute;, tout comme l'agence d'Air France.
La garde &agrave; vue d'Ousmane Sonko doit s'achever dimanche.Il sera pr&eacute;sent&eacute; &agrave; nouveau au juge lundi, selon ses conseils.
M. Sonko a &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute; officiellement pour trouble &agrave; l'ordre public, alors qu'il se rendait en cort&egrave;ge au tribunal o&ugrave; il &eacute;tait convoqu&eacute; pour r&eacute;pondre &agrave; des accusations de viol.
Il est donc vis&eacute; par au moins deux proc&eacute;dures.Il a &eacute;t&eacute; pr&eacute;sent&eacute; au juge vendredi dans celle pour viols pr&eacute;sum&eacute;s et est ressorti sans &ecirc;tre inculp&eacute;, mais avec un nouveau rendez-vous lundi, selon ses avocats.Il a &eacute;t&eacute; replac&eacute; en garde &agrave; vue dans la proc&eacute;dure pour trouble &agrave; l'ordre public, ont-ils ajout&eacute;.
M. Sonko fait l'objet d'une "tentative de liquidation aux fins d'&eacute;limination d'un adversaire politique", a dit Me Abdoulaye Tall.
Il est vis&eacute; depuis d&eacute;but f&eacute;vrier par une plainte pour viols et menaces de mort d&eacute;pos&eacute;e contre lui par une employ&eacute;e d'un salon de beaut&eacute; dans lequel il allait se faire masser pour, dit-il, soulager ses maux de dos.
Personnalit&eacute; au profil antisyst&egrave;me, le d&eacute;put&eacute; crie au complot ourdi par le pr&eacute;sident Macky Sall pour l'&eacute;carter de la prochaine pr&eacute;sidentielle.M. Sall a d&eacute;menti fin f&eacute;vrier, mais gard&eacute; le silence depuis sur l'affaire.
D&egrave;s jeudi soir, les autorit&eacute;s ont annonc&eacute; suspendre le signal de deux t&eacute;l&eacute;visions priv&eacute;es coupables selon elles d'avoir diffus&eacute; "en boucle" des images de violences.
Les r&eacute;seaux sociaux ont rapport&eacute; des perturbations sur internet, &agrave; l'instar de celles observ&eacute;es dans un certain nombre de pays &agrave; l'initiative des gouvernants dans les p&eacute;riodes de crise.
L'observatoire sp&eacute;cialis&eacute; Netblocks a confirm&eacute; des restrictions sur les r&eacute;seaux sociaux et les applications de messagerie, affectant le partage de photos et de vid&eacute;os sur Facebook, YouTube, WhatsApp et Telegram selon lui.
Les autorit&eacute;s ont interdit la circulation des deux-roues motoris&eacute;s jusqu'&agrave; samedi soir.
Les d&eacute;fenseurs des droits s'&eacute;meuvent de la r&eacute;ponse des autorit&eacute;s.&nbsp;
"Les autorit&eacute;s s&eacute;n&eacute;galaises doivent imm&eacute;diatement cesser les arrestations arbitraires d'opposants et d'activistes, respecter la libert&eacute; de r&eacute;union pacifique et la libert&eacute; d'expression, et faire la lumi&egrave;re sur la pr&eacute;sence d'hommes arm&eacute;s de gourdins aux c&ocirc;t&eacute;s des forces de s&eacute;curit&eacute;", a d&eacute;clar&eacute; Amnesty International.
La f&eacute;d&eacute;ration nationale de football a annonc&eacute; suspendre toutes les comp&eacute;titions en raison de "l'indisponibilit&eacute; plus que probable" des forces de s&eacute;curit&eacute;.

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