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Des Tunisiens ont manifesté mercredi pour réclamer la libération de centaines de protestataires arrêtés depuis vendredi lors de troubles nocturnes, et protester contre la classe politique, accusée d'inaction face à la crise sociale exacerbée par la pandémie.

Une centaine de personnes ont d&eacute;fil&eacute;&nbsp;&agrave; Tunis, et autant &agrave; Sousse (est), d&eacute;fiant l'interdiction de rassemblement d&eacute;cr&eacute;t&eacute;e face &agrave; la d&eacute;t&eacute;rioration de la situation &eacute;pid&eacute;miologique ces derni&egrave;res semaines.
"Nous voulons la lib&eacute;ration des d&eacute;tenus", ont cri&eacute; les manifestants &agrave; Sousse, a constat&eacute; un correspondant de l'AFP sur place.
A Tunis, les protestataires, dont de nombreux &eacute;tudiants, ont scand&eacute; les slogans de la r&eacute;volution de 2011 "travail, libert&eacute;, dignit&eacute; nationale", sur la principale art&egrave;re du pays, l'avenue Bourguiba.
Quelques heures auparavant, une poign&eacute;e de personnes s'&eacute;taient rassembl&eacute;es devant le tribunal de Tunis pour r&eacute;clamer la lib&eacute;ration de jeunes interpell&eacute;s ces derniers jours, dont beaucoup sont mineurs.

- "Le peuple a faim" -

Des troubles ont &eacute;clat&eacute;&nbsp;dans plusieurs r&eacute;gions vendredi, au lendemain du dixi&egrave;me anniversaire de la chute de Zine el Abidine Ben Ali, chass&eacute; du pouvoir par la foule le 14 janvier 2011.&nbsp;Le mois de janvier est r&eacute;guli&egrave;rement marqu&eacute; par des mobilisations sociales en Tunisie.
Apr&egrave;s trois nuits de heurts entre la police et des jeunes protestataires dans des zones marginalis&eacute;es &agrave; travers le pays, le minist&egrave;re de l'Int&eacute;rieur avait annonc&eacute; lundi matin plus de 600 interpellations.
Les troubles se sont poursuivis lundi soir puis mardi soir avec quelques incidents, moins violents que les jours pr&eacute;c&eacute;dents, &agrave; Gafsa, Sidi Bouzid (centre) ou encore en banlieue de Tunis, ont constat&eacute; des journalistes et correspondants de l'AFP.
Des heurts ont &eacute;galement eu lieu &agrave; Kasserine, &agrave; Kairouan (centre-ouest) et au Kef (nord), selon la Garde nationale (gendarmerie).
Mardi soir, 41 personnes ont &eacute;t&eacute; arr&ecirc;t&eacute;es, a indiqu&eacute; &agrave; l'AFP le porte-parole de la Garde nationale, Houssemeddine Jebabli.Depuis le 16 janvier, 21 membres des forces de l'ordre ont &eacute;t&eacute; bless&eacute;s, a-t-il ajout&eacute;.&nbsp;
Le nombre de protestataires bless&eacute;s n'est pas connu, alors que certaines familles d&eacute;noncent des abus lors des arrestations.
"L'Etat a utilis&eacute; beaucoup de force face &agrave; un peuple qui a faim", a d&eacute;plor&eacute; Ayoub Belhaj, &eacute;tudiant et militant.
"Il faut que les dirigeants &eacute;coutent les jeunes, pour que les violences s'arr&ecirc;tent", a-t-il ajout&eacute;, estimant que "le gouvernement n'a rien fait"."De toute fa&ccedil;on, on n'arrive m&ecirc;me plus &agrave; savoir qui gouverne la Tunisie, c'est inqui&eacute;tant", a-t-il dit.
Ces troubles interviennent alors que le gouvernement, laborieusement mis en place il y a moins de cinq mois, a &eacute;t&eacute; largement remani&eacute; samedi, entra&icirc;nant d'intenses n&eacute;gociations avant un vote de confiance qui doit valider les nouveaux ministres.
Signe des profondes tensions entre les diff&eacute;rents p&ocirc;les de pouvoir de la jeune d&eacute;mocratie, la pr&eacute;sidence a diffus&eacute; lundi une vid&eacute;o sur laquelle on entend des partisans de Kais Saied, pr&eacute;sident tr&egrave;s critique des partis parlementaires, appeler &agrave; la dissolution du Parlement.&nbsp;
L'Assembl&eacute;e est elle-m&ecirc;me plus fragment&eacute;e que jamais depuis les &eacute;lections de 2019, et ces divisions paralysent le pays, alors que l'urgence sociale s'accentue.&nbsp;

- Col&egrave;re "l&eacute;gitime" -

La pand&eacute;mie de coronavirus a d&eacute;truit des dizaines de milliers d'emplois, notamment dans le secteur cl&eacute; du tourisme, et profond&eacute;ment perturb&eacute; la scolarisation des enfants, plongeant de nombreuses familles dans le d&eacute;sarroi.
Un recul historique du PIB (-9%) est attendu pour 2021.
Le Premier ministre tunisien Hichem Mechichi, &eacute;galement ministre de l'Int&eacute;rieur par int&eacute;rim, a assur&eacute; mardi soir comprendre la col&egrave;re "l&eacute;gitime" face &agrave; la "crise r&eacute;elle", tout en pr&ocirc;nant la fermet&eacute; face aux violences.
Lors d'un d&eacute;bat mercredi &agrave; l'Assembl&eacute;e nationale sur la situation sociale, plusieurs d&eacute;put&eacute;s ont appel&eacute; le gouvernement &agrave; &eacute;couter les revendications des jeunes, et &agrave; proposer des solutions plut&ocirc;t qu'une gestion s&eacute;curitaire de la crise.
La pand&eacute;mie s'est emball&eacute;e ces derni&egrave;res semaines en Tunisie, avec plusieurs dizaines de d&eacute;c&egrave;s et 2.000 &agrave; 3.000 nouveaux cas confirm&eacute;s par jour, mena&ccedil;ant de d&eacute;border les h&ocirc;pitaux.

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