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Une attaque armée au Burundi aggrave les tensions avec le Rwanda

Une attaque meurtrière perpétrée mi-novembre par des inconnus contre une position avancée de l'armée burundaise, près de la frontière avec le Rwanda, exacerbe les tensions déjà vives entre les deux voisins, Bujumbura accusant désormais Kigali d'"agression armée".

L'attaque s'&eacute;tait d&eacute;roul&eacute;e dans la nuit du 16 au 17 novembre sur la colline de Twinyoni, &agrave; une centaine de kilom&egrave;tres au nord de Bujumbura et moins de cinq kilom&egrave;tres de la fronti&egrave;re rwandaise: 19 soldats ont p&eacute;ri et une vingtaine ont &eacute;t&eacute; bless&eacute;s dans cet assaut men&eacute; par des assaillants bien entra&icirc;n&eacute;s et &eacute;quip&eacute;s, selon des survivants, de lunettes de vision nocturne.
Il s'agit de l'attaque la plus meurtri&egrave;re perp&eacute;tr&eacute;e sur le sol burundais depuis 2015 et l'annonce de la candidature controvers&eacute;e du pr&eacute;sident Pierre Nkurunziza &agrave; un troisi&egrave;me mandat, qui a plong&eacute; le pays dans une grave crise politique doubl&eacute;e d'une grave r&eacute;cession &eacute;conomique.
Dans un premier temps, l'arm&eacute;e burundaise avait attribu&eacute; l'attaque &agrave; "un groupe arm&eacute; de fusils en provenance du Rwanda", avant que le porte-parole et secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;ral du gouvernement, Prosper Ntahorwamiye, ne d&eacute;signe directement l'arm&eacute;e rwandaise comme responsable, sans toutefois &eacute;tayer ces accusations.
Ces derniers jours, le gouvernement burundais, qui accuse le Rwanda d'"agression arm&eacute;e", a d&eacute;pos&eacute; plainte contre son voisin du nord aupr&egrave;s de la Communaut&eacute; des &Eacute;tats d'Afrique de l'Est (EAC), selon des documents consult&eacute;s par l'AFP.
La m&ecirc;me plainte a &eacute;t&eacute; d&eacute;pos&eacute;e aupr&egrave;s de l'Union africaine (UA), l'ONU et la Conf&eacute;rence internationale pour la r&eacute;gion des Grands lacs (CIRGL) &agrave; laquelle appartiennent les deux petits pays, selon une source diplomatique.

- 'All&eacute;gations infond&eacute;es' -

L'EAC n'a pas encore r&eacute;agi officiellement, mais la CIRGL a annonc&eacute; l'envoi au Burundi puis au Rwanda d'une mission de "v&eacute;rification" d'ici au 10 d&eacute;cembre, selon un ordre de mission publi&eacute; sur les r&eacute;seaux sociaux et authentifi&eacute; par l'AFP.
"Cette mission est attendue &agrave; Bujumbura" cette semaine et va &eacute;galement "se rendre sur le terrain o&ugrave; nous allons lui pr&eacute;senter les preuves de l'agression rwandaise.Puis retour &agrave; Bujumbura avant qu'elle n'aille &agrave; Kigali", a expliqu&eacute; &agrave; l'AFP un haut responsable des services de s&eacute;curit&eacute; burundais, sous couvert d'anonymat.
Kigali a cat&eacute;goriquement d&eacute;menti toute implication dans l'attaque, Le secr&eacute;taire d&rsquo;&Eacute;tat rwandais aux Affaires &eacute;trang&egrave;res, Olivier Nduhungirehe parlant d'"all&eacute;gations infond&eacute;es venant du Burundi, comme ils l'ont d&eacute;j&agrave; fait ces quatre derni&egrave;res ann&eacute;es".&nbsp;
Kigali a r&eacute;guli&egrave;rement accus&eacute; son voisin d'attiser les tensions entre les deux pays pour d&eacute;tourner l'attention de la communaut&eacute; internationale sur les violations des droits de l'homme document&eacute;es par l'ONU.
Les accusations de Bujumbura marquent une &eacute;tape suppl&eacute;mentaire dans les relations d&eacute;j&agrave; d&eacute;l&eacute;t&egrave;res entre les deux voisins: c'est la premi&egrave;re fois depuis le d&eacute;but de la crise actuelle au Burundi que Bujumbura accuse directement l'arm&eacute;e rwandaise d'une attaque sur son sol.
Jusqu'&agrave; pr&eacute;sent, les deux pays s'accusaient mutuellement d'entra&icirc;ner et de soutenir d'une part des rebellions burundaises naissantes et, de l'autre, de soutenir et d'h&eacute;berger des groupes de miliciens hutu rwandais des FDLR.
Jean-Claude Karerwa Ndenzako, le porte-parole du pr&eacute;sident burundais, a pr&eacute;venu il y a une semaine dans un tweet qu'en cas "de r&eacute;cidive, (le Burundi) se r&eacute;serve le droit de la l&eacute;gitime d&eacute;fense et, surtout, le droit de poursuite".
"Nous esp&eacute;rons que ces organisations (EAC, CIRGL) vont cette fois sortir de leur inertie, et condamner clairement le Rwanda pour son agression, m&ecirc;me si on n'y croit pas trop", a par ailleurs expliqu&eacute; &agrave; l'AFP un haut cadre gouvernemental.
"Le Rwanda est pr&eacute;venu, nous n'allons plus tol&eacute;rer le m&eacute;pris de ses dirigeants", a mis en garde la m&ecirc;me source.

- 'A la sauvette' -

Des proches des familles des victimes ont pour leur part accus&eacute; le pouvoir burundais d'avoir inhum&eacute; leurs proches "&agrave; la sauvette".
"Les 19 soldats ont &eacute;t&eacute; enterr&eacute;s par petits groupes, en trois vagues, sans la pr&eacute;sence d'aucun haut responsable gouvernemental ou militaire, et leurs proches ont &eacute;t&eacute; emp&ecirc;ch&eacute;s de faire un deuil public", a d&eacute;nonc&eacute; &agrave; l'AFP l'un de ces proches ayant requis l'anonymat par peur de repr&eacute;sailles.
Un diplomate africain rel&egrave;ve pour l'AFP que "cette attaque a &eacute;t&eacute; v&eacute;cue comme une grande humiliation et a port&eacute; un grand coup au moral".
Jusqu'&agrave; pr&eacute;sent, "le pouvoir burundais se targuait de faire r&eacute;gner la paix et la s&eacute;curit&eacute; &agrave; travers tout le pays", rel&egrave;ve-t-il.
Ce climat de vive tension, propice &agrave; l'escalade, intervient &agrave; six mois d'&eacute;lections g&eacute;n&eacute;rales au Burundi sur lesquelles p&egrave;sent de nombreuses incertitudes.&nbsp;
Au pouvoir depuis 2005, le pr&eacute;sident Nkurunziza a surpris les observateurs en assurant qu'il ne se pr&eacute;senterait pas &agrave; sa propre succession en 2020, alors qu'une nouvelle Constitution adopt&eacute;e en 2018 le lui permet.On ignore en l'&eacute;tat qui sera le candidat du parti au pouvoir.&nbsp;
De son c&ocirc;t&eacute;, Agathon Rwasa, un ancien candidat &agrave; l'&eacute;lection pr&eacute;sidentielle et issu comme M. Nkurunziza d'une r&eacute;bellion hutu, accuse le pouvoir d'intimidation et de violences syst&eacute;matiques contre les membres de son parti.