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Niger : le président Mohamed Bazoum, séquestré, a reçu la visite de son médecin

Le président nigérien Mohamed Bazoum, séquestré dans sa résidence présidentielle à Niamey depuis un coup d'Etat qui l'a renversé le 26 juillet, a reçu la visite de son médecin samedi, selon un de ses conseillers, alors que les inquiétudes concernant son sort se multiplient.

AFRICA RADIO

12 août 2023 à 18h21 par AFP

Niamey (Niger) (AFP)

Dans le même temps, les pays de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao) ont reporté une réunion clé prévue samedi sur le déploiement d'une force d'intervention pour rétablir M. Bazoum dans ses fonctions.

"Le président de la République", Mohamed Bazoum, "a eu la visite de son médecin aujourd'hui", qui lui "a également apporté à manger", ainsi qu'à son fils et à sa femme retenus avec lui, a affirmé un proche du président déchu.

"Il va bien au vu de la situation", a-t-il ajouté.

Plusieurs représentants d'organisations et de pays alliés du Niger avant le coup d'Etat ont exprimé leur inquiétude quant aux conditions de séquestration et à l'état de santé du président renversé.

Le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a exprimé vendredi "ses vives préoccupations" sur "la détérioration des conditions de détention" de M. Bazoum.

L'Union européenne (UE) a également exprimé sa "profonde inquiétude", comme l'ont fait le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken, et le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.

Selon l'ONG Human Rights Watch qui s'était entretenue avec M. Bazoum, il a décrit le traitement de sa famille comme "inhumain et cruel", sans électricité ni contact humain, et n'avait que des pâtes et du riz pour se nourrir, d'après le média américain CNN.

- "Force en attente" -

La visite du médecin de Mohamed Bazoum intervient le jour où devait avoir lieu une réunion des chefs d'état-major de la Cedeao à Accra, au Ghana, pour faire part à leurs dirigeants "des meilleures options" pour donner suite à leur décision d'activer et de déployer leur "force en attente", afin de rétablir l'ordre constitutionnel.

Cette réunion a été repoussée sine die pour "des raisons techniques", selon des sources militaires régionales. 

Le calendrier et les modalités d'une éventuelle intervention militaire ouest-africaine n'ont pas été dévoilés.Mais selon le président ivoirien Alassane Ouattara, dont le pays contribuera à cette force, elle devrait pouvoir intervenir "dans les plus brefs délais".

"L'option militaire envisagée sérieusement par la Cedeao n'est pas une guerre contre le Niger et son peuple, mais une opération de police contre le preneur d'otages et ses complices", a réagi samedi le ministre des Affaires étrangères nigérien du gouvernement déchu, Hassoumi Massaoudou, sur X (ex-Twitter).

Selon un des proches de M. Bazoum, les nouveaux maîtres de Niamey ont brandi "la menace" de s'en prendre à lui si une intervention armée avait lieu.

"L'intervention va être risquée, il en est conscient, il considère qu'il faut un retour à l'ordre constitutionnel, avec ou sans lui", a assuré à l'AFP un de ses conseillers.

A Abuja, la Cedeao a toutefois réaffirmé son espoir d'une résolution par la voie diplomatique : le président du Nigeria Bola Tinubu, qui assure la présidence tournante de l'organisation, a dit espérer "parvenir à une résolution pacifique", un recours à la force n'étant envisagé qu'en "dernier ressort".

La menace d'intervention avait été brandie une première fois le 30 juillet par les dirigeants ouest-africains qui avaient lancé un ultimatum de sept jours aux militaires de Niamey pour rétablir le président Bazoum, sous peine d'utiliser "la force", non suivi d'effet.

- Nouveau gouvernement -

Ces décisions ne semblent pas atteindre le régime militaire, qui a annoncé la formation d'un nouveau gouvernement dirigé par un Premier ministre civil, réuni pour la première fois réuni vendredi.

Les choix de la Cedeao ont toutefois reçu le "plein soutien" de la France, ainsi que des Etats-Unis, anciens alliés dans la lutte antijihadiste.

La France, ex-puissance coloniale, est une cible privilégiée des militaires nigériens, qui l'accusent d'être à l'origine de la décision de la Cedeao.

Elle est aussi la cible des manifestations régulières qui soutiennent le régime militaire et son chef, le général Abdourahamane Tiani.

Le Mali et le Burkina Faso voisins, eux aussi dirigés par des militaires, ont affiché leur solidarité avec Niamey.

Selon un conseiller de la présidence malienne sous couvert d'anonymat, l'un des hommes forts du régime nigérien, le général Salifou Mody, nouveau ministre de la Défense, a effectué une courte visite au Mali vendredi.