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Procès de masse de manifestants mardi au Tchad: les avocats en grève

Les avocats du Tchad ont annoncé lundi cesser toute activité à partir de mardi pendant toute la durée d'un procès de masse de 401 personnes arrêtées pendant et après une manifestation contre le pouvoir réprimée dans le sang le 20 octobre.

AFRICA RADIO

28 novembre 2022 à 16h36 par AFP

Ce jour-là, une cinquantaine de personnes, de jeunes manifestants tués par balles pour l'immense majorité, avaient péri à N'Djamena et ailleurs quand les forces de l'ordre avaient ouvert le feu sur la moindre tentative de rassemblement. Ils répondaient à l'appel de l'opposition contre la prolongation de deux ans au pouvoir du général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé chef de l'Etat par les militaires le 20 avril 2021 à l'annonce de la mort de son père, le président Idriss Déby Itno, tué au front par des rebelles après avoir dirigé d'une main de fer le Tchad 30 années durant. Le pouvoir avait reconnu l'arrestation de 601 personnes --dont 83 mineurs-- pour la seule N'Djamena, et leur transfert dans la prison de haute-sécurité de Koro Toro, en plein milieu du désert à plus de deux jours de voiture de la capitale et en l'absence de leurs avocats. Le procès de 401 d'entre eux doit s'ouvrir mardi dans l'enceinte de la prison, notamment pour "troubles à l'ordre public" et "violences". L'Ordre des avocats du Tchad, "soucieux (...) d'une justice indépendante et impartiale (...)" s'est insurgé dans un communiqué contre "une parodie de justice", et a dénoncé l'"enlèvement" des détenus et leur "déportation" à Koro Toro en dehors de toute présence d'avocats. Ils ont annoncé "le refus catégorique de plaider devant une juridiction siégeant en dehors de son ressort territorial" en "violation des règles procédurales". Ils ont également "décidé de cesser toute activité" dans tout le pays pendant toute la durée du procès, selon ce communiqué. Invoquant l'illégalité selon eux de ces "enlèvements", ils réclament également la libération de tous ceux encore détenus et leur "retour dans leurs familles". Le président de transition Mahamat Déby avait accusé les manifestants d'avoir fomenté une "insurrection" et une "tentative de coup d'Etat". L'opposition, des ONG locales et internationales, ainsi qu'une partie de la communauté internationale --Union européenne et Union africaine en tête-- avaient condamné un recours excessif à la violence "contre les civils" le 20 octobre.