Réchauffement: les pays pauvres veulent un fonds pour couvrir les dégâts

Les pays les plus pauvres réclament que l'indemnisation des dégâts causés par le réchauffement climatique figure haut dans l'agenda de la Conférence mondiale de l'ONU sur le climat (COP27), indique une déclaration de ce groupe réuni mercredi à Dakar.

AFRICA RADIO

14 septembre 2022 à 23h36 par AFP

Au même moment, deux hauts responsables gouvernementaux du Sénégal et de la République démocratique du Congo (RDC) participant à la conférence ont refusé d'une même voix que leur pays renonce à l'exploitation future du pétrole et du gaz sous la pression des pays industrialisés au nom de la lutte contre le réchauffement. Des ministres et des experts du Groupe des pays les moins avancés (PMA), environ 45 pays principalement africains et asiatiques, se sont réunis cette semaine dans la capitale sénégalaise pour adopter une position commune en vue de la COP27. Une autre réunion des ministres africains est prévue jeudi, à laquelle est attendu l'émissaire américain pour le climat John Kerry. Différents intervenants ont insisté sur la part minime prise par leurs pays aux émissions globales de gaz à effet de serre et sur le tribut disproportionné qu'ils paient. "Les évènements tels que les inondations, l'érosion côtière, les pluies hors saison... quand ces évènements surviennent de manière imprévisible avec des intensités parfois extrêmement élevées, les pays sont laissés à eux-mêmes", a déclaré devant la presse le ministre sénégalais de l'Environnement Abdou Karim Sall. "Il est devenu impératif qu'un fonds soit mis en place qui prend en charge les pertes et dommages, notamment dans les pays les moins avancés". La déclaration finale de la rencontre exprime "l'importance cruciale de la mise en place d'un mécanisme de financement pour faire face aux pertes et dommages". Elle appelle "toute les parties, en particulier les grands émetteurs, à réduire d'urgence et de manière significative (leurs) émissions de gaz à effet de serre", et presse les pays riches d'honorer les engagements financiers pris par le passé pour faire face au réchauffement. Le ministre sénégalais et son homologue congolaise Eve Bazaiba Masudi ont dénié aux pays industrialisés la légitimité de réclamer que leur pays renonce à l'exploitation des hydrocarbures. Le Sénégal prévoit de commencer à exploiter ses réserves de gaz et de pétrole dans l'Atlantique en 2023. Le gouvernement de RDC a lancé fin juillet des appels d'offres pour l'exploitation de 27 blocs pétroliers et trois gaziers, suscitant l'émoi des défenseurs de l'environnement, inquiets de l'impact sur la biodiversité et sur le climat qu'aurait la mise en exploitation de zones de tourbière et de forêt. Une vingtaine d'Etats, dont les Etats-Unis et la France, s'étaient engagés lors de la COP26 en 2021 à mettre un terme d'ici fin 2022 au financement à l'étranger de projets d'énergies fossiles sans techniques de capture du carbone. La responsable congolaise a jugé "inconcevable" que l'Occident, qui "a construit son industrie grâce à l'énergie fossile", demande à la RDC d'y renoncer alors qu'il continue de représenter l'écrasante majorité des émissions. "Nous devons aussi lutter contre la pauvreté, il faut lier la question de la protection de l'environnement à l'économie pour arriver au développement durable", a-t-elle dit. "Nous n'acceptons pas qu'ils viennent nous dire de renoncer au levier que nous avons", a abondé le ministre sénégalais.