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Sénégal/massacre en Casamance: 12 détenus libérées, 13 renvoyées en procès

Douze personnes détenues depuis quatre ans dans le cadre d'une enquête sur le massacre de 14 hommes en Casamance, dans le sud du Sénégal, ont été "blanchies et libérées" et 13 autres renvoyées devant une chambre criminelle, a-t-on appris lundi auprès de leur avocat.

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31 janvier 2022 à 18h21 par AFP

Les 12 personnes qui étaient depuis janvier 2018 en détention à Ziguinchor, principale ville de Casamance, ont été libérées vendredi, a affirmé à l'AFP Me Ciré Clédor Ly. Treize autres détenus dont un journaliste, Réné Caprin Bassène, et un membre de l'aile politique de la rébellion casamançaise, Omar Ampoi Bodian, "ont été renvoyés devant la chambre criminelle" du tribunal de grande instance de Ziguinchor pour un procès dont la date n'est pas encore fixée, a indiqué Me Ly. Ils sont poursuivis pour "association de malfaiteurs, assassinat, tentative d'assassinat, participation à un mouvement insurrectionnel, arrestations et séquestrations illégales, détention illégale d'armes, vol en réunion avec port d'armes et usage de violence", a-t-il précisé. Vingt-sept personnes étaient poursuivies dans l'enquête sur la tuerie de 2018, dont César Atoute Badiate, un chef militaire du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC), la rébellion armée qui se débat depuis bientôt 40 ans pour l'indépendance de la Casamance. M. Badiate est le seul qui n'a pas été arrêté. Un des 26 détenus est mort entre temps en prison à l'âge de 82 ans, a précisé Me Ly. Le 6 janvier 2018, quatorze hommes partis chercher du bois dans la forêt protégée de Bayotte, proche de Ziguinchor, avaient été rassemblés puis tués froidement par des individus armés. L'avocat n'a pas fait de lien entre la libération des 12 détenus et les incidents survenus en début de semaine dernière en Casamance. Cette libération a lieu après l'annonce, le 24 et le 25 janvier par l'armée, de la mort de deux soldats de la mission ouest-africaine en Gambie (Ecomig) et la disparition de neuf autres à la suite d'un accrochage avec des rebelles présumés du MFDC en Gambie, voisine du Sénégal, lors d'une opération de sécurisation et contre le trafics illicites dont celui de bois en territoire gambien. Une délégation de la communauté catholique Sant'Egidio est en Gambie depuis le 27 janvier pour une médiation entre les parties en conflit, a indiqué lundi à l'AFP une source dans cette organisation. Cette médiation a abouti à la remise dimanche aux représentants de la mission ouest-africaine des corps de deux soldats, a affirmé Sant'Egidio lundi dans un communiqué, qui évoque elle "sept militaires de la Cédéao" en otage, aux mains des hommes du chef militaire rebelle Salif Sadio. Sant'Egidio prône "la libération de tous les prisonniers", dans son communiqué. Trois rebelles présumés sont détenus par les troupes ouest-africaines, selon elle. Sant'Egidio avait en 2012 obtenu la libération de cinq militaires détenus pendant un an par Salif Sadio. La Gambie, pays partiellement enclavé dans le Sénégal, abrite des rebelles de Casamance, région du sud du Sénégal séparée du reste du pays par le territoire gambien. Après avoir fait des milliers de victimes et ravagé l'économie, le conflit a persisté à basse intensité. Le Sénégal s'emploie à normaliser la situation et a entrepris de réinstaller les déplacés. L'Ecomig a été instituée par la Cédéao devant la crise politique née du refus de l'ex-président et dictateur Yahya Jammeh gambien de quitter le pouvoir après sa défaite à la présidentielle de décembre 2016. M. Jammeh a finalement été forcé à l'exil en janvier 2017 par les pressions internationales et l'entrée de troupes ouest-africaines sur le sol gambien.