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Soudan: 105 morts dans le conflit tribal dans le Nil Bleu en moins d'une semaine

Le conflit tribal dans le sud du Soudan a fait 105 morts et 291 blessés la semaine dernière, selon un nouveau bilan donné mercredi à l'AFP par le ministre de la Santé du Nil Bleu, Jamal Nasser.

AFRICA RADIO

20 juillet 2022 à 16h36 par AFP

Après près d'une semaine d'affrontements à l'arme à feu, le calme semble désormais revenu dans cet Etat frontalier de l'Ethiopie, mais les violences ont désormais gagné plusieurs autres régions du Soudan, les Haoussas, l'une des ethnies impliquées dans le conflit, se mobilisant à travers le pays pour réclamer "justice pour les martyrs". Pour Mohammed Noureddine, chef tribal des Haoussas du Nil Bleu "on ne peut déterminer le nombre exact de victimes, certains cadavres sont encore ensevelis sous les décombres de leurs maisons", a-t-il déclaré par téléphone lors d'une conférence de presse organisée par sa communauté à Khartoum mercredi. "Les habitants du Nil Bleu sont encore harcelés", a déclaré Abdoulaziz al-Nour, chef tribal des Haoussas de Khartoum, lors de cette même conférence. Pourtant pour M. Nasser "tout est calme désormais, mais il reste la question des déplacés", a-t-il ajouté joint par téléphone à al-Damazine, chef-lieu du Nil Bleu. Selon l'ONU, plus de 17.000 personnes ont fui leur maison par peur des balles perdues, principalement des femmes et des enfants, dont 14.000 survivent désormais dans trois écoles d'al-Damazine. - "Des armes du gouvernement" - "Nous exigeons le retour des déplacés chez eux", a martelé Hafez Omar, chef tribal de l'ensemble des Haoussas du Soudan. Il a également pointé du doigt la responsabilité des autorités du Nil Bleu: "des armes du gouvernement ont été utilisées", a-t-il déploré mercredi. Situé dans le sud du Soudan, l'un des pays les plus pauvres au monde, l'Etat du Nil Bleu est lui aussi déshérité. L'ONU assure y avoir apporté une aide humanitaire à plus du tiers des habitants au premier trimestre 2022, soient 563.000 personnes. Les affrontements tribaux ont fait des centaines de morts au Soudan ces derniers mois, particulièrement au Darfour, dans l'ouest, frontalier du Tchad. Ces affrontements éclatent généralement pour l'accès à l'eau et aux terres, vital pour agriculteurs et éleveurs --souvent issus de tribus rivales-- dans un pays où de très nombreuses armes circulent après des décennies de guerre civile. De nouveau, c'est pour l'accès à des terres que la violence a éclaté le 11 juillet entre les Haoussas --l'une des plus grandes ethnies d'Afrique présente du Sénégal au Soudan-- et le clan des Bartis-- au Nil Bleu, frontalier de l'Ethiopie. Si le calme y est revenu samedi, la violence a gagné plusieurs autres Etats, notamment Kassala, plus au nord, où lundi des milliers de Haoussas ont incendié des bâtiments publics. Mardi, ils étaient des milliers à manifester à Khartoum, au Kordofan-Nord (centre) ou à Kassala, Gedaref et Port-Soudan sur l'est côtier, ont constaté des journalistes de l'AFP.