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Soudan: 31 morts dans le conflit tribal à la frontière avec l'Ethiopie

Des dizaines de familles fuient samedi le conflit tribal qui a fait ces derniers jours 31 morts et des dizaines de blessés dans l'Etat soudanais du Nil Bleu, frontalier de l'Ethiopie, selon un nouveau bilan des autorités locales.

AFRICA RADIO

16 juillet 2022 à 17h06 par AFP

"Je vois des blessés et des files de personnes qui se réfugient dans des commissariats", rapporte samedi après-midi à l'AFP Adel Agar, de la municipalité d'al-Roseires, évoquant "des morts et des blessés", mais sans pouvoir donner de bilan précis. Al-Roseires n'est séparée d'al-Damazine, chef-lieu du Nil Bleu à 800 kilomètres au sud de Khartoum, que par un pont sur le Nil que "des dizaines de familles, surtout des femmes et des enfants traversent pour fuir les combats" samedi, selon un habitant d'al-Damazine, Ahmed Youssef. Fatima Hamad, une résidente d'al-Roseires, a raconté à l'AFP "entendre des tirs" et voir "des colonnes de fumée s'élever". "Il nous faut des renforts de troupes pour reprendre le contrôle de la situation", plaide M. Agar, tandis que des médecins de l'hôpital d'al-Roseires ont réclamé eux aussi des renforts tant le nombre de blessés ne cesse de grimper. Ces nouveaux affrontements font suite à ceux qui ont déjà fait "31 mort et 39 blessés" dans le district de Qissan, plus au sud, selon les services de sécurité du Nil Bleu. Parce que "16 magasins ont été incendiés" de lundi à vendredi lors de ce conflit --à l'arme à feu selon des témoins-- pour des terres, un couvre-feu nocturne a été décrété pour les commerçants et le gouverneur a interdit "tout rassemblement ou défilé" pour un mois. Les premiers affrontements ont eu lieu entre les tribus Haoussa et Barti à Qissan, forçant les hôpitaux des environs à lancer un appel au don de sang. La tribu des Haoussa était de nouveau impliquée dans les affrontements à al-Roseires samedi, selon M. Aggar. Un dignitaire des Haoussas a expliqué à l'AFP, sous couvert d'anonymat, que les violences avaient éclaté parce que son clan réclame "la formation d'une autorité civile locale pour superviser l'accès aux terres, ce que refusent les Bartis". Côté barti, un dignitaire qui a lui aussi refusé que son nom soit dévoilé, a affirmé que son clan avait répondu "à une violation des terres des Bartis" par les Haoussas. "Ces terres sont à nous, donc si on veut former une autorité locale, elle sera composée uniquement de Bartis et non de Haoussas", a-t-il martelé. La région de Qissan, et plus généralement l'Etat du Nil Bleu, est en proie à une rébellion depuis 1983. La guérilla sudiste a longtemps été une épine dans le pied de la dictature d'Omar el-Béchir, écarté par l'armée sous la pression de la rue en 2019. Pour les experts, le vide sécuritaire créé par ce coup d'Etat a favorisé une résurgence des violences tribales dans un pays où chaque année des centaines de civils meurent dans des affrontements entre éleveurs et agriculteurs pour l'accès à l'eau ou aux terres.