Wagner, abus de l'armée: la junte au Mali réfute en bloc les accusations

La junte malienne a réfuté en bloc les accusations d'abus de l'armée contre les civils, d'alliance avec des mercenaires du groupe russe Wagner et de ségrégations contre la communauté peule, après un nouveau rapport défavorable sur les droits humains.

AFRICA RADIO

25 novembre 2022 à 11h21 par AFP

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) a publié jeudi un rapport faisant état d'une hausse sans précédent en 2022 des attaques contre les civils dans le centre du Mali, un des principaux foyers de la violence au Sahel. Le rapport dénonce les crimes perpétrés selon la FIDH par les jihadistes, les milices communautaires, mais aussi l'armée malienne et le groupe paramilitaire russe Wagner. Il stigmatise l'impunité en vigueur. "Ces allégations sont pour la plupart tendancieuses, non recoupées et faites à dessein, dans le but de ternir l'image des Forces de défense et de sécurité maliennes", dit le gouvernement contrôlé par la junte dans un document publié jeudi soir et reprenant les éléments de réponse règulièrement opposés à de tels rapports. Le gouvernement parle d'"étalage de faits sur la base de témoignages non contradictoires, ne s'appuyant sur aucune preuve tangible et souvent faits sous la menace de groupes terroristes". Il assure que l'armée opère "dans le strict respect des droits de l'Homme et du droit international humanitaire", et que les présumées violations donnent toujours lieu à un "traitement diligent" et des enquêtes. Quant au recours aux services de Wagner, il s'agit en fait de "formateurs et conseillers russes", dont la présence au Mali "est très ancienne". "Elle remonte à 1960 avec l'envoi de certains instructeurs pour aider le Mali à construire son armée et son administration", dit le gouvernement. Les militaires au pouvoir depuis le coup d'Etat d'août 2020 se sont détournés en 2021 de l'ancien allié français et de ses partenaires, au profit de la Russie. Le gouvernement "rejette totalement" les accusations de persécutions contre les Peuls, groupe réputé fournir de nombreux éléments aux jihadistes. Il reproche à la FIDH d'ignorer "les progrès remarquables" accomplis selon lui contre les jihadistes, mais aussi les efforts déployés contre l'impunité, comme la révision en cours des codes pénal et militaire ou le projet de cour d'assises spéciale pour les crimes basés sur le genre. L'Association malienne des droits de l'Homme (AMDH), organisation membre de la FIDH avec laquelle elle avait établi un précédent rapport en 2018, a indiqué dans un communiqué qu'elle se "désolidarise" du nouveau rapport, en raison de "manquements graves" aux principes d'"impartialité, objectivité et loyauté".